5 mars 2012

Au sommet de la montagne

Très émouvante visite lundi matin dans le quartier historique d'Auburn, à quelques centaines de mètres à l'est du centre-ville d'Atlanta; c'est là que naquit,vécut et prêcha Martin Luther King, le héraut de la lutte pour la déségrégation raciale et les droits civiques dans les Etats du Vieux Sud. De la Géorgie au Texas étaient alors toujours en vigueur des lois héritées de la période "Jim Crow", quand le Sud vaincu pendant la Guerre de Sécession avait trouvé un moyen de cantonner les Noirs dans une citoyenneté de seconde zone. Entre la maison natale du pasteur (photo) et l'église baptiste Ebenezer où il prononça des sermons avec son père, le service des Parcs nationaux retrace la vie héroïque du prix Nobel de la paix, avec ses interventions les plus célèbres, comme "J'ai fait un rêve" sur les marches du mémorial Lincoln à Washington DC. Mais le discours le plus émouvant est sans doute celui dit du "sommet de la montagne", dans lequel il avait évoqué le souvenir qu'il souhaitait laisser au monde, à la veille de son assassinat à Memphis. Beaucoup d'images d'archives, où l'on voit le charisme et l'éloquence époustouflants de King à l'oeuvre, mais aussi des Blancs des années 1950 énoncer des opinions d'une violence inouïes. On en sort pour le moins ébranlé, et d'autant plus pessimiste sur l'émergence d'une société "post-raciale" célébrée après l'élection d'Obama: en rentrant, on croise en effet des dizaines de paumés ou de SDF dans les rues délabrées du centre d'Atlanta. Tous, sans exception, sont noirs.

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