Le décalage s'explique par le glissement des plaques continentales vers l'ouest, et "Big Island", tout à l'est de l'archipel, est donc la plus grande et la plus jeune, tandis que ses soeurs ont été plus ou moins entamées par des centaines de milliers d'années d'érosion.
Rançon de cette activité, une partie du parc national est fermée aux visiteurs: les risques de tomber dans les chaudrons de l'enfer ou d'être asphyxiés par des émanations méphitiques sont trop grands. Mais reste beaucoup de choses à voir: des remontées de vapeur, des émanations sulfuriques qui colorent les roches en jaune avant de les dissoudre, et surtout, des cratères. L'un d'entre eux, le Kilauea Iki (ci-contre à droite), qui fait déjà un bon kilomètre de diamètre, est accessible au bout d'une visite dans la forêt tropicale. Incroyable sensation que celle de se promener sur de la lave solidifiée, mais bouleversée, fracturée et encore chaude: la dernière éruption date des années 1950 et il a fallu plus de 30 ans pour que cette marmite originellement à plus de 1 000°C commence à se figer.
L'autre cratère s'observe de très loin: son centre est encore très actif, et l'on n'est pas à l'abri d'un accès de mauvaise humeur du géant, qui dégage, la nuit venue, un halo aussi rouge que menaçant (en haut et ci-contre à gauche). Un troisième cratère, inaccessible sauf à affréter un hélicoptère, crache de la lave à pleins jets, et des toboggans de roche en fusion descendent vers le Pacifique, explosant au contact de l'eau: "Big Island" devient ainsi de plus en plus grande en s'étendant vers le sud-est. De ce mariage entre le feu et l'eau, nous n'avons eu qu'un aperçu fugace, en parcourant les immensités désolées de coulées de lave récentes à proximité de l'océan.
Plissées, fracturées, et déjà grignotées par la mer qui les a moulues en sable fin et noir, elles forment un paysage d'Apocalypse curieusement localisée: à quelques dizaines de mètres de la coulée, des maisons sont restées intactes. Mais la route côtière, elle, a été coupée par l'avancée impitoyable. Au loin, l'endroit où la mer avale la lave est marqué par une énorme colonne de vapeur. Elle rejoint les nuages qui cernent le sommet formidable du Mauna Loa, le deuxième sommet de l'île avec ses 4 170 mètres.
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