30 juin 2012

Le scandale des vrais chiffres du bilan qu'on vous cache

DENVER, Colorado. Retour à notre camp de base de Denver, la capitale du Colorado, ce vendredi, avant de reprendre l'avion pour la côte Est demain matin. Nous avons pour la quatrième fois franchi les Rocheuses, et abouti dans les hautes plaines du Midwest, au pied de la chaîne de montagnes actuellement ravagée par des incendies de forêt. Il plane d'ailleurs sur l'agglomération une nébulosité tenace qui semble provenir de ces sinistres. Nous avions à l'origine prévu de visiter la région de Colorado Springs, avec Pikes Peak, la plus haute route des Etats-Unis, et le "Jardin des Dieux", un parc connu pour ses roches aux formes grandioses, mais toute la zone est en état de catastrophe. D'où un grand détour par le Canyon Noir jeudi, synonyme de 1 000 kilomètres supplémentaires inscrits à notre compteur. En trois semaines, nous avons donc parcouru 7 615 km, battant malgré nous (si, si) notre record du printemps 2009, quand nous avions relié Los Angeles à Seattle et retour... en un mois. Bref, beaucoup de voiture, 105 heures, nous dit l'ordinateur de bord de notre auto de location, dont le propriétaire va sans doute se mordre les doigts de nous avoir accordé un forfait de kilométrage illimité. Nous vous rassurons, elle n'est pas sur la photo ci-dessus!
Nous avons visité huit Etats (Colorado, Wyoming, Nebraska, Dakota du Sud, Dakota du Nord, Montana, Idaho et Utah) dont trois nouveaux en famille (les Dakota et le Nebraska) et parcouru 12 parcs ou monuments nationaux. Nous avons roulé à 3 900 mètres d'altitude et exploré des grottes à 60 mètres de profondeur, grelotté à moins de 10°C dans le Montana et transpiré sous plus de 36°C dans l'Utah, mangé des pique-niques dans des oasis de haute montagne et fréquenté des bouis-bouis du fin fond du Far-West, aperçu des quantités impressionnantes de bêtes sauvages dont une belle série de grizzlis et d'ongulés. Nous avons retrouvé avec plaisir un Ouest très prodigue. Nous nous sommes promis d'y revenir une dernière fois, sans doute l'année prochaine. A bientôt!

29 juin 2012

Dans le gouffre du canyon noir

PARC NATIONAL DU CANYON NOIR DE LA GUNNISON, Colorado. Journée des extrêmes jeudi dans ce parc national tout récent, puisque c'est la signature de Bill Clinton qui a validé son statut au début des années 1990. Rien à voir avec son grand frère du Grand Canyon, en aval puisque la rivière Gunnison est l'un des affluents du Colorado descendant comme lui du versant Ouest des Rocheuses: le Canyon noir est en effet extrêmement étroit, à peine quelques centaines de mètres et jusqu'à seulement vingt à sa base. Mais en profondeur, l'endroit suscite le vertige: deux Empire State Building empilés ne suffiraient pas à en atteindre les berges dont certaines surplombent donc le torrent de quelque 700 mètres. Seuls les varappeurs les plus avertis se hasardent à grimper de telles parois, mais il existe une route (16% de gradient sur huit kilomètres de lacets étroits, ça change du périphérique de Washington) permettant d'en atteindre le fond. Un endroit très calme car à l'écart de la plupart des circuits touristiques. Nous sommes allés de promontoire en sentier et de barrage en rencontres animales, avec en particulier une biche accompagnée de ses deux faons à peine âgés d'une semaine. Magique.

28 juin 2012

L'année du dragon

Début d'exploration ce jeudi du "Canyon noir", moins fréquenté que les autres parcs que nous connaissons déjà. Il faut avouer que sa localisation à l'écart des circuits touristiques rend la chose moins aisée. Une rangeuse rencontrée au Monument national de Dinosaur, au début de la semaine, nous en a dit beaucoup de bien. En tout cas, la faune qui traîne aux abords du parc est des plus curieuses...




Eté brûlant

MONTROSE, Colorado. Nous sommes ce soir aux portes du parc national du Black Canyon of Gunnison, dans l'ouest du Colorado. Etape imprévue, due aux incendies qui ravagent le versant oriental des Rocheuses. Notamment à Manitou Springs, où nous devions passer deux jours. La situation y est dramatique: 32 000 personnes évacuées et des centaines d'habitations détruites.
Sur la route, nous avons aussi pu observer un incendie sur les hauteurs au sud de Boulder et le manège des avions bombardant du produit retardant sur le foyer. Gros champignon de fumée dans le ciel aussi, en arrivant près de Grand Junction (photo). Au total, on recense dix feux dans tout l'Etat, et des milliers d'hectares de forêt réduits en cendres. La faute à un hiver trop doux, la région n'ayant reçu que 40% des précipitations habituelles, et à un début d'été caniculaire. Des enquêtes sont en cours, mais ces sinistres seraient plutôt d'origine naturelle. Les autorités de Denver ont cependant émis, à l'échelle de l'Etat, une interdiction d'allumer quelque feu que ce soit, feux d'artifices compris. Preuve que l'heure est grave, Obama se rend ce vendredi sur place pour offrir son soutien aux pompiers et aux habitants des zones dévastées.

27 juin 2012

Nouveaux sommets animaliers

Nous sommes vernis. Depuis le début de notre voyage il y a bientôt 20 jours, nous avons vu plus d'animaux sauvages qu'au cours des sept années écoulées. Dans le parc des Rocheuses, ce sont les marmottes et les pikas (petits rongeurs aux cris stridents) qui sont venus fôlatrer à quelques mètres de nous, tandis que de majestueux cerfs mâles dotés de leurs bois broutaient la rare végétation au bord de la route. Et pendant une petite balade au bord du Colorado, un petit torrent à cet endroit, nous sommes tombés quasiment nez à museau avec une biche et deux élans. Nous n'avons toujours pas aperçu de gros félin ni d'ours brun, mais finalement, on se passe très bien de ce genre de rencontres rapprochées!





Le toit des Etats-Unis

PARC NATIONAL DES MONTAGNES ROCHEUSES, Colorado. Retenez votre souffle et ménagez vos efforts: depuis deux jours, nous tutoyons les 4 000 mètres dans le parc national des Rocheuses, traversé par la route continue la plus élevée des Etats-Unis. C'est là que l'on se félicite de ne pas avoir loué une voiture au moteur anémique! A cette altitude, même les conifères ne poussent plus, la végétation est dite de toundra, comme au Canada ou en Russie, et les tempêtes de neige possibles en toute saison. Heureusement pour les touristes, et malheureusement pour la nature, l'année a été particulièrement sèche, avec seulement 40% de la couverture neigeuse habituelle, et même à 11 000 pieds et plus, les plaques blanches restantes se font très rares.
Corollaire, la rivière Colorado, qui prend sa source dans les environs, n'est que l'ombre d'elle-même, de mauvais augure pour les barrages et les lacs de retenue en aval. Et cette sécheresse se fait déjà ressentir dans l'Est des Rocheuses où de très graves incendies de forêt sont en cours à Fort Collins (au nord de Denver) et surtout à Colorado Springs (au sud). Toute la région est touchée par la canicule. Même lors de nos promenades sur les sentiers les plus élevés du parc, nous évoluions en T-shirts. Et quel spectacle!

Embouteillage champêtre au Colorado

ESTES PARK, Colorado. Nous sommes de retour depuis deux jours dans notre Etat d'arrivée, au coeur des montagnes Rocheuses. Nous avons abordé la chaîne par la face occidentale, nous élevant progressivement à 2 500 mètres et plus, dans un paysage semi-aride où, au détour d'un virage, nous avons été ralentis par un embouteillage provoqué par des centaines de moutons. Encadrés par un berger à cheval et une dizaine de chiens, dont la moitié de chiots, ils traversaient nonchalamment la nationale. Un spectacle insolite au pays des zones commerciales infinies et des autoroutes toutes droites. Alors, c'est beau le Colorado? "Mêêê oui!"

24 juin 2012

Notre aire de pique-nique dominicale

... a plus de classe que le restaurant d'entreprise.

Bisons, mouflons et petit patapon

Notre bestiaire devient un "best-of". Après les grizzlis, les colibris, les wapitis et on en oublie, nous avons aperçu ce dimanche une famille au grand complet de dindons sauvages, deux marmottes et, pour couronner le tout, une superbe femelle mouflon, venue brouter sur les bords du canyon de Flaming Gorge.

Canicule et sauropodes

VERNAL, Utah. Après une dernière balade sur les bords du canyon de Flaming Gorge, nous sommes redescendus dans le désert de l'Utah, tandis que le thermomètre faisait exactement l'inverse! C'est donc sous 36°C (100 degrés Fahrenheit) et un soleil brutal que nous avons visité un énième "Monument national" américain, celui de Dinosaur. Un endroit étonnant où des fossiles par centaines ont été retrouvés à flanc de falaise au début du XXe siècle. Les fouilles, financées par le magnat de l'acier Andrew Carnegie, ont permis de dégager les ossements de 500 animaux, charriés par une crue il y a quelque 150 millions d'années. La plupart de ces reliques ont atterri dans un musée de Pittsburgh en Pennsylvanie, mais il en reste encore beaucoup encastrées dans la montagne, livrées aux regards et même au toucher des touristes.

Oiseaux-frelons


Le bourdonnement des colibris, samedi soir, à la terrasse du Red Canyon lodge, dans le soleil couchant. Calme, luxe et volupté!

L'Utah de grâce

Quatre ans après, retour donc aux sublimes falaises rouges de l'Utah, l'un de nos Etats américains préférés, pour la région de la "Flaming Gorge", une région parsemée de forêts, lardée de canyons et colonisée par de gentilles petites bêtes à plume et à fourrure (les ours sont restés plus au nord). Des paysages alpestres de Jackson Hole, nous avons effectué une transition vers les hautes plaines du sud du Wyoming, où John Wayne a sûrement promené son destrier mais qui sont aujourd'hui ponctués de puits de pétrole récemment forés. Puis la végétation s'est faite encore plus rare, pour prendre des allures de désert arizonien, températures de 32°C comprises. Normal: depuis Glacier, nous sommes descendus de plus de 1 000 km vers le Sud. Une petite balade en bord de canyon est prévue demain pour nous remplir les yeux de ces paysages qui arrachent des "wow, wow, wow" aux plus jeunes membres de la tribu.

Hello, goodbye, hello!

MANILA, Utah. Nous avons quitté aujourd'hui le Wyoming, Etat cow-boy s'il en est, après près d'une semaine passée à sillonner ses parcs.
Yee-haw!
Arc de triomphe, version cow-boy en bois de cerf (c'est une manie)
Garez-vous là, sinon...
Nous sommes entrés ce soir en Utah, mormon et sobre de son état...
Ils sont à droite, mais au moins ils croient à l'évolution...

23 juin 2012

Toute cette beauté, ça commence à bien faire

Journée éblouissante dans le parc des Grand Tetons, à butiner autour des pentes de ces montagnes géantes, d'abord dans le sillage d'un Ranger, fonctionnaire du service des parc nationaux, qui nous a tout dit sur la formation très récente (à l'échelle géologique) de ces sommets, résultats d'un phénomène d'écartement de plaques tectoniques, et les mouvements des glaciers. Nous avons arrondi nos déambulations à 10 km de marche dans l'après-midi en encerclant un lac glaciaire, parmi les rongeurs, les oiseaux et les essaims de papillons. Les Grand Tetons, que nous n'avions pas pu visiter en 2008 à cause des éléments déchaînés, constituent une très belle surprise au sud du Yellowstone. Le fait que ce sanctuaire soit moins saturé de touristes que son voisin du nord aide aussi à en apprécier les beautés.

22 juin 2012

Désarmant

Tiens, oui, pourquoi pas, afin de "s'amuser en famille", aller tirer à l'arme de guerre entre deux bisons? Ca tombe bien, les plus de six ans peuvent s'y essayer! Ce n'est jamais que 15 ans avant l'âge minimum pour boire une bière...

Chez les cow-boys urbains

JACKSON HOLE, Wyoming. Après trois jours à profiter à plein du Yellowstone jusqu'aux derniers feux du crépuscule, effaçant ainsi nos frustrations d'il y a quatre ans, nous sommes arrivés ce jeudi soir dans la bourgade de Jackson Hole, au Wyoming, en passant à travers un nouveau parc, celui des Grand Tetons. Cet endroit, avec son enchaînement de sommets pointus tutoyant les 4 000 mètres, a été nommé par un trappeur français qui devait être loin de son foyer! Nous explorerons ce sanctuaire demain après l'avoir effleuré. En attendant, Jackson Hole, repaire de la jet-set en mal d'émotions authentiques de l'Ouest, s'est offerte à nous, avec ses boutiques proposant des trophées de chasse empaillés, du cougar au grizzli, des bottes de garçons vachers et des chapeaux Stetson, et même une défense de mammouth de Sibérie garantie originale, pour la modique somme de 19800 dollars... Une diligence d'opérette parcourt les rues autour la place centrale, décorée à chaque coin par des arches géantes composées de bois de cerfs!

Le carnaval des animaux

Et dire que l'été dernier nous étions tout émoustillés d'avoir vu notre premier ours nord-américain! Depuis notre retour dans le Far-West, la nature nous offre un véritable festival faunique, et ce n'est pas moins de cinq plantigrades supplémentaire que nous avons vu batifoler. Mais ils n'étaient pas seuls. Jugez plutôt.
Coyote

Ecureuil

Biche wapiti

Et des bisons à l'infini...

Les marmites de l'enfer

Une petite vidéo pour mieux illustrer la cocotte-minute sur laquelle nous avons évolué depuis le début de la semaine!

21 juin 2012

Le feu au lac

Nous sortons de trois jours éblouissants dans le parc du Yellowstone, malgré la foule déjà dense en ce tout début d'été alors que certains cols sont encore enneigés. Le Yellowstone, premier parc national américain (fondé il y a 140 ans tout juste), c'est une géothermie débridée, des jaillissements impromptus, des chaudrons dégageant des vapeurs méphitiques à chaque détour, et une odeur de soufre pénétrante. Ca bouillonne, ça frit, ça glougloute sous les pieds, en un mot, ça vit. Car le parc est situé sur les lieux d'un ancien volcan qui a du mal à trouver le repos. L'eau au contact du magma sort à près de 100°C des entrailles de la terre, chargée en acides divers qui font la joie des bactéries. Bref, un endroit qui a dû faire peur aux premiers hommes qui s'y sont aventurés, même si certains endroits arborent des couleurs de lagon paradisiaque.






20 juin 2012

Renversant

WEST YELLOWSTONE, Montana. Nous sillonnons le parc national du Yellowstone depuis lundi soir, et quatre ans après, la majesté des lieux est toujours aussi saisissante. En mai 2008, une méchante tempête de neige nous faisait abréger notre séjour. Cette fois-ci, nous espérons bien prendre notre revanche sur les éléments.

18 juin 2012

Welcome to our country!

Depuis que nous sommes arrivés dans le Colorado il y a une semaine, nous avons été régulièrement submergés de panneaux sympathiques. Comme ceux-là:
   


Ou encore celui-là:


Merci pour l'accueil. Vraiment, on reviendra!


Tiercé gagnant

Glacier ne s'est pas montré chiche envers nous. Ce n'est pas un, pas deux mais trois ours que nous avons aperçus samedi en roulant à travers le parc. Toujours plus rassurant que de les croiser au détour d'un sentier... Glacier abrite deux espèces d'ursidés: des ours bruns et des grizzlis. Nos trois vedettes du jour  appartenaient à cette dernière catégorie.


C'est loin mais c'est beau (bis repetita)

Pour le plaisir, encore une photo de Glacier.

Sur le sentier dit du Swiftcurrent (Glacier Est)

Kalispell on you


KALISPELL, Montana. Ce n'est pas cette bourgade sans intérêt, se résumant à une artère principale flanquée de bon nombre d'enseignes nationales, qui nous a envoûtés. Nous sommes tombés sous la magie du parc national de Glacier, à l'extrême nord de l'Etat. Paysages de forêts denses ou plus ouvertes, cascades vertigineuses, torrents enragés,  vallées glaciaires et lacs bleu turquoise, surplombés de pics enneigés... Outre son intense beauté et sa vie sauvage abondante, le parc présente aussi la particularité d'être géré à la fois par les Américains et les Canadiens (pour la partie s'étendant au-delà de la frontière canadienne) dans le cadre du Waterton-Glacier Peace Park, créé en 1932 comme symbole de l'amitié entre les deux pays. Sept cents miles de sentiers le sillonnent. Nous en avons arpenté une fraction, un peu contrariés dans nos projets par des orages ce dimanche.

15 juin 2012

L'hiver n'avoue (toujours) pas sa défaite

EAST GLACIER, Montana. Rassurez-vous: le temps est au grand beau et nous avons même mangé en terrasse ce soir, chauffés aux rayons du soleil déclinant au dessus des Rocheuses septentrionales. Non, nous parlons de ce qui se passe en altitude. Comme il y a quatre ans au Yellowstone, les régions les plus élevées du parc du Glacier - au pied duquel nous bivouaquons ce vendredi soir - ont reçu la semaine dernière quelque 40 cm de poudreuse fraîche, et la route dite "Going to the Sun" qui traverse le parc reste fermée à la circulation jusqu'à la semaine prochaine. Nous en serons quittes pour un petit détour de plus après-demain pour rejoindre le versant ouest du parc. Demain, nous pensons nous dérouiller les jambes dans les multiples sentiers de randonnée que la région offre. Car ce vendredi a surtout musclé le pied droit du conducteur, avec 600 km de plus avalés entre Billings et le nord-ouest du Montana, un Etat décidément aussi énorme que majestueux.

On garde le rythme

BILLINGS, Montana. Nous sommes entrés ce midi dans le Montana, le 6e Etat de notre parcours, au bout de déjà 2 500 km de route en cinq jours, ce qui n'est guère raisonnable. Le rythme ne devrait pas se calmer demain car nous remontons vers le parc du Glacier, à la frontière canadienne. Le solstice d'été tout proche nous offre de très longues journées, et nous en avons profité ce matin pour aller faire une randonnée dès 7h30 dans le sud-est du Roosevelt national park (photo). Une vraie découverte celui-là! Temps idéal pour l'instant: journées à 25°C propices aux pique-niques, et nuits fraîches.

La dégelée indienne

LITTLE BIGHORN, Montana. 26 juin 1876. Alors que les Etats-Unis s'apprêtent à fêter le centenaire de leur déclaration d'indépendance, les Indiens Crow, Lakota et Cheyenne infligent une terrible défaite au général Custer et à ses troupes venus faire place nette à la colonisation du dernier carré de terres américaines non encore sous la coupe de Washington. Custer, héros de la Guerre de Sécession, y perd la vie au milieu de ses hommes. Aujourd'hui, le champ de bataille est voué à la mémoire de ceux qui y périrent, soldats mais aussi Indiens. Il a tout de même fallu attendre 2003 pour qu'un monument (photo) soit érigé en souvenir des guerriers indigènes, alors qu'une stèle marquait depuis 1890 la fosse où reposaient les restes des soldats. Et signe d'une prise de conscience un peu tardive, ou d'une tentative d'occulter l'un des péchés originels des Etats-Unis? Jusqu'en 1991, le monument national portait le nom de Custer.

L'autocollant qui tue

Et donc, sans commentaire.

Moment de grâce

PARC NATIONAL THEODORE-ROOSEVELT, Dakota du nord. Bien qu'un peu sonnés par une nouvelle journée à 600 km de route, nous sommes allés explorer au crépuscule mercredi ce petit parc, à l'écart des circuits touristiques. Bien nous en prit: les éléments se sont combinés pour nous offrir un véritable moment de grâce. De notre promontoire surplombant la vallée du "Little Missouri", nous avons vu des gloires descendre des nuages filtrant le soleil couchant, tandis qu'à l'opposé, les averses d'un orage s'irisaient en arc-en-ciel. En contrebas, quelques bisons attardés rejoignaient leur troupeau de l'autre côté de la rivière, en la passant à gué. Et c'est là que les coyotes se sont mis à hurler... On comprend que Roosevelt, président au début du XXe siècle, ait été saisi par la beauté de l'endroit et ait fait tout ce qui était en son pouvoir pour le préserver.

14 juin 2012

La beauté du Diable

"Rencontres du 3e type", de Spielberg avec Truffaut, ça vous dit quelque chose? Voici le décor: la colonne de porphyre de Devil's Tower, dans l'est du Wyoming. Protégé par le service des parcs nationaux, cet endroit est très fréquenté mais sa majesté abasourdit à des kilomètres à la ronde. A 264 mètres de haut, la "Tour du diable" est en effet visible de loin. Il s'agit en fait d'une poussée de magma qui a cristallisé en se refroidissant, formant des colonnes identiques à celles du Devil's Postpile de la Sierra Nevada en Californie que nous avions vu en 2006 (voir ici).

Une légende indienne offre une autre explication. Sept fillettes jouaient à l'extérieur de leur village, quand un ours les attaqua. Les petites s'enfuirent et se réfugièrent sur un rocher d'un mètre de haut. Alors que la bête allait les atteindre, elles implorèrent la roche. Celle-ci se mit alors à grandir, à grandir, à grandir encore, mettant les enfants hors de portée du monstre. Dont la fureur redoubla. Il se jeta sur la roche devenue cône monumental et dérapa, laissant de profondes entailles sur les flancs de pierre, que l'on peut toujours voir aujourd'hui. Quant aux jeunes filles, elles furent poussées si près du ciel qu'elles se transformèrent en étoiles, les sept de la constellation des Pléiades...




So bad it's good

PARC NATIONAL DES BADLANDS, Dakota du sud. "Tellement mauvais que c'en est bon". Visite mardi du "Parc national des mauvaises terres", dont le patronyme fut inspiré par le dépit des colonisateurs européens qui eurent à traverser ces étendues désolées, friables et infestées de serpents à sonnettes dans leur route vers l'Ouest. Conséquence aussi lointaine que bizarre de sédimentations, éruptions et érosions à répétition, l'endroit prend par moment des allures de Cappadoce, avec ses petites falaises ravinées. Mais en contrebas, ce sont les immenses hautes plaines sur lesquelles broutent des dizaines de bisons, gambadent des antilopes et farfouillent nos amis les chiens de prairie.