16 mars 2012

Arrivées d'air chaud

BETHESDA, Maryland - Nous sommes rentrés au bercail ce vendredi soir, délaissant l'accueillant Tennessee pour notre Maryland d'adoption, où, profitant d'un hiver très clément, les arbres bourgeonnent à qui mieux mieux, une explosion de couleurs qui nous a accompagnés à travers l'ouest verdoyant de la Virginie (photo). Il nous a fallu huit heures et demie pour parcourir 750 km de route, qui sont venus s'ajouter au 3 700 et quelques précédents dévalés en 14 jours. Des vacances mobiles menées tambour battant, donc, à un rythme de 340 km quotidiens en moyenne, ce qui est bien trop pour qualifier notre escapade de reposante. Un week-end ne sera pas superflu pour nous en remettre!
En deux semaines, nous avons vu de très belles choses, goûté à la gentillesse des Américains du Vieux Sud (ainsi qu'à leur cuisine roborative) et visité des lieux mythiques qui ont tenu leurs promesses. Nous retenons la Nouvelle-Orléans pour son quartier français et ses plantations, Memphis et Nashville pour la musique, et le Mississippi pour l'appel des Rocheuses... auquel nous avons prévu de succomber dans trois mois pour un énième "road trip" où il sera question de glaciers, de grizzlys et de dinosaures, très loin donc des embouteillages de la "Beltway", le périphérique de Washington que nous avons retrouvé sans plaisir particulier. Rendez-vous ici début juin pour davantage de détails.

15 mars 2012

Dans les montagnes enfumées

GATLINBURG, Tennessee - Nous serons restés presque une semaine au Tennessee, un Etat que nous recommandons. Après les séjours à dominante musicale de Memphis et Nashville, nous faisons escale ce jeudi soir aux portes du parc national des "Smokey Mountains", nom dû aux écharpes de brouillard qui s'accrochent à ses pentes. Avec neuf millions de visiteurs annuels, c'est le sanctuaire naturel le plus fréquenté des Etats-Unis, devant le Yellowstone, le Yosemite et même le Grand Canyon! Il faut dire que l'endroit est plein de charme, avec ses multiples ruisseaux dévalant la chaîne des Appalaches, épine dorsale de la côte Est. Au bout de routes sinueuses et encaissées, la prairie d'altitude de Cades Cove est riche en faune de tout poil, et réputée en particulier pour ses colonies d'ours bruns qui gambadent sous les frondaisons. Malheureusement, et malgré les 27°C ambiants, les bêtes sont encore invisibles, car censées hiberner pendant quelques semaines supplémentaires. Nous nous sommes rattrapés avec des daims et de dodus dindons sauvages. Demain vendredi, nous espérons traverser le parc pour rentrer en Caroline du Nord voisine, si la météo est de la partie: un gros orage grondait ce soir sur les cimes.

14 mars 2012

Parthénon, merci

Après la pyramide de Khéops de Las Vegas, nous vous présentons le Parthénon de Nashville! Erigé en 1897 pour fêter le centenaire de la fondation de la capitale du Tennessee, ce monument est censé reproduire à l'échelle un, et en bien moins ruiné, le majestueux temple de l'Acropole. Ne cherchez pas un gramme de marbre dans l'édifice, toutefois. Nous ne sommes pas allés jusqu'à acquitter un droit d'entrée pour admirer la statue d'Athéna (paraît-il maquillée comme une Oldsmobile volée) qui trône à l'intérieur...

Yee-haw!

NASHVILLE, Tennessee - Après la pratique de mardi soir, au concert du Grand Ole Opry, nous avons étudié ce mercredi les petite et grande histoires de la musique country, dans le musée et "Hall of Fame" dédié à ce genre au centre de Nashville. Belle présentation et anecdotes intéressantes, notamment le fait que Ray Charles s'est essayé à la country et que les costumes chamarrés de cow-boys d'opérette, comme ci-contre, ont été adoptés au moment où Hollywood s'éprenait de westerns, dans les années 1930. Auparavant, chacun bidouillait sa musique dans ses habits de tous les jours.
Nashville, historiquement région de cultures et d'élevage, n'a en effet rien du Far-West; nous sommes à des milliers de kilomètres des prairies du Texas, des pâturages du Wyoming ou des pistes poussiéreuses de l'Arizona! Egalement au musée de la country, nous avons retrouvé notre ami Elvis (et une de ses Cadillac, plaquée or), les "blue suede shoes" véritables de Carl Perkins (photo) ainsi que Johnny Cash, qui berce nos "road trips" de sa voix profonde depuis 2006.

Partie de campagne

NASHVILLE, Tennessee - Changement de décor radical ce mardi soir, bien que nous dormions dans le même Etat qu'à Memphis, le Tennessee: aurant cette dernière ville est celle des musiques noires, comme le blues et la soul, autant Nashville constitue le fief de la country, musique blanche par excellence, héritière des ballades irlandaises et infusée de la rude vie des garçons vachers. Un genre qui a du mal à percer en dehors des Etats-Unis (connaissez-vous Garth Brooks, qui vendait davantage d'albums que Michael Jackson pendant sa période "Bad"?), mais fait l'objet d'un culte ici. Et comme tous les cultes, la country a son temple: le Grand Ole Opry, la salle de 4 400 places qui accueille des concerts trihebdomadaires. Nous n'allions pas rater ça! Pas moins de huit artistes ou groupes se sont succédé devant nous, du mandoliniste virtuose au crooner sur le retour, en passant par des cow-boys en jeans moulants qui ont déclenché l'hystérie des "teenagers".
Car la country ne semble pas séduire que les bedonnants aux tempes argentées. En revanche, même en scrutant bien, nous n'avons pas vu un seul Noir. Et nous n'avons pas échappé à la chanson "God bless the USA", au salut aux anciens combattants, et à l'exaltation du sacrifice des GI's déployés, selon le dernier artiste de la soirée, "en Afghanistan, au Pakistan, et en Iran". Espérons que les ayatollahs ne sont pas secrètement à l'écoute de la radio qui retransmet en direct ces concerts depuis 1925! A propos de longévité, nous avons aussi découvert Jimmie Dickens (photo du haut), qui émarge à l'Opry depuis l'administration Truman. A 91 printemps, il lance des blagues salaces entre deux gratouillages de cordes!

Ouh, les tricheurs!

Depuis bientôt sept ans que nous parcourons les routes d'Amérique du Nord, nous avons développé quelques idées fixes, parmi lesquelles la vaine ambition de visiter la plus grande quantité possible d'Etats américains. En arrivant à Memphis, nous avons pu accrocher le Tennessee à notre tableau de chasse, notre 33e Etat sur 50. Une rapide étude de la carte de la région nous a fait remarquer que la route vers Nashville, la capitale du Tennessee, pouvait être avantageusement courbée vers le nord (au prix d'un léger détour), et nous faire passer par... quatre nouveaux Etats! Voici donc, dans l'ordre..































Et l'explication du tour de passe-passe:
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12 mars 2012

Les fonts baptismaux de la musique du Diable

Après Graceland, un autre lieu de pèlerinage obligé à Memphis pour les admirateurs d'Elvis et du rock en général: le studio Sun, dont un jeune un peu gauche mais à la voix d'or poussa la porte un beau jour de 1953, et alluma la mèche d'un baril de poudre qui n'en finit pas d'exploser, 60 ans plus tard. Mais c'est aussi chez Sun, le fief du visionnaire Sam Phillips, que fut enregistré le précurseur de cette musique rythmée, "Rocket 88" avec un certain Ike Turner au piano. Intact, le décor des années 1950 est toujours au rendez-vous, et des artistes viennent encore enregistrer le soir dans ce sanctuaire qui vit passer B.B. King, Howlin' Wolf, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis et Johnny Cash, outre Elvis. Les (un peu) plus jeunes apprendront aussi avec intérêt que c'est dans cet endroit que la bande à Bono grava une partie de l'album "Rattle and Hum" en 1987-88.

Elvis dans la peau

MEMPHIS, Tennessee - Même grands admirateurs de la musique du "King", plutôt période fin des années 1950, nous nous attendions au pire en abordant Graceland, la maison qu'Elvis Presley acheta au début de sa carrière dans le sud de Memphis. Mais l'endroit, certes kitsch, n'est pas aussi horrible que l'on aurait pu le craindre. D'abord, la maison n'a rien de pharaonique, et ferait pâle figure face à n'importe quel néo-manoir de star de la NBA aujourd'hui; ensuite, les objets exposés sont vraiment exceptionnels, de la Cadillac rose qu'Elvis avait offerte à sa maman aux centaines de disques d'or glanés par l'artiste au milliard de galettes vendues, en passant par son costume de scène "tout cuir", du concert télévisé spécial de décembre 1968, qui avait marqué son grand retour. Evidemment, tout cela est "marketé" à mort, et la réplique du costume peut être vôtre pour 1 500 dollars, mais nous avons quitté Graceland plutôt contents d'avoir étudié de plus près la référence du rock qui, bientôt 35 ans après sa mort, continue à drainer 600 000 visiteurs par an dans son ancien "Xanadu".





























































11 mars 2012

Toi aussi, Memphis

Comme beaucoup de villes américaines, Memphis a deux visages, hérités de la fuite des Blancs du centre-ville après la Seconde Guerre mondiale: un quartier touristique et piéton sur deux artères, dont Beale Street (photo), et un "downtown" où les immeubles administratifs ou commerciaux se succèdent de loin en loin, entourés de "dents creuses" comme des parkings désaffectés et des entrepôts condamnés devant lesquels errent quelques clochards. Le quartier de Beale street, soigneusement surveillé par la police, rassemble les boîtes, clubs et restaurants jouant rock, blues et soul, non loin d'un musée dédié à ces genres musicaux. Nous avons passé notre matinée dans cet établissement à nous ébaubir devant les costumes de scène d'Elvis, la guitare de Johnny Cash et l'inévitable juke-box Wurlitzer, tout en néons. Et le soir, nous sommes allés déguster des "ribs" (plat de côtes sauce barbecue) et des "burgers" dans le restaurant de B.B. King, le roi octogénaire du blues, des décibels plein les oreilles.

Le jour où le rêve trembla

MEMPHIS, Tennessee - C'est le 4 avril 1968 que Martin Luther King est assassiné. Le chef de file de la lutte pour les droits civiques est venu à Memphis défendre les éboueurs en grève pour de meilleures conditions de travail. Le lieu du crime, le Lorraine Motel (photo) dans le centre-ville, a été transformé au début des années 1990 en musée de la cause du pasteur, retraçant l'histoire de la bataille des Noirs américains pour leur émancipation et leur accession au statut de citoyens à part entière, en commençant par l'arrivée des premiers esclaves en 1619. Extrêmement détaillé, voire touffu, cet endroit, comme le parc national historique d'Atlanta que nous avions visité la semaine dernière, vient rappeler qu'il y a à peine deux générations, les Noirs vivaient un enfer quotidien dans les Etats du Vieux Sud, entre discriminations, lynchages et incroyable mépris dans la culture populaire des blancs. Une vidéo nous a particulièrement frappés: on y voit un éducateur exhorter des jeunes Noirs à se convaincre qu'un Noir sera un jour président des Etats-Unis. C'était en 1963.

10 mars 2012

Mississippi driving

MEMPHIS, Tennessee - Nous sommes arrivés tard ce samedi soir à Memphis, la Terre promise du blues, après une grosse journée de route depuis La Nouvelle-Orléans, 750 km au bas mot. L'Etat du Mississippi est en effet aussi long à traverser qu'à épeler, d'autant plus que nous n'avons pas résisté à l'envie d'un petit crochet par Baton Rouge, la capitale de Louisiane, histoire d'attraper la Highway 61, qui relie Chicago à "Nawlins" et que Bob Dylan revisita. Elle traverse en particulier Natchez, une petite bourgade en damier aujourd'hui assoupie, mais qui fut à la grande époque des plantations l'une des villes les plus riches des Etats-Unis, grâce au négoce du coton mais aussi des esclaves. Quelques somptueuses demeures rappellent ce passé prospère, ainsi qu'un tout petit bout de village au bord du fleuve Mississippi en contrebas, avec l'inévitable bateau à aubes transformé en casino-restaurant (photo). Le village était auparavant installé sur les berges de la troisième voie d'eau du monde, mais le monstre a grignoté la terre et il ne reste plus qu'un saloon et une rue de cet ancien port stratégique. Ce sont les français qui l'ont fondé, aux dépens des indiens Natchez qui peuplaient la région. Après la 61, nous avons récupéré la "Natchez Trace", l'une des routes pittoresques gérées par le service des parcs nationaux et vierges de toute zone industrielle; un vrai repos pour nos yeux de voyageurs.

Highway 61, Psaume 23


















"L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien."

9 mars 2012

Ondées sur Nawlins

Si vous prononcez le nom de La Nouvelle-Orléans en anglais "NiouHorlins", c'est que vous n'êtes pas du coin. Les autochtones disent "Nawlins". Pour notre dernière journée dans la belle du Sud, nous avons arpenté les ruelles du Vieux Carré, de la place Jackson (photo) centrale aux rues Royale et des Ursulines en français dans le texte. Arrêt aussi au Presbytère, le musée de la ville dont le rez-de-chaussée présente une exposition terrible sur l'ouragan Katrina, qui s'était abattu sur la ville fin août 2005. Le quartier français avait été épargné par la montée des eaux mais les autres n'avaient pas eu la même chance. Ce vendredi, alors que les fêtards emplissaient déjà Bourbon Street dès l'heure du goûter, titubant entre deux abreuvoirs, nous nous sommes régalés de balcons chantournés, de vieilles pierres pleines d'âme et de magasins raffinés. Le temps s'était mis au gris mais nous sommes passés entre les gouttes.

Au moins c'est clair

La Nouvelle-Orléans, une ville d'histoire et de salvatrice autodérision!

8 mars 2012

Ca sent comme là-bas, dis!

LA NOUVELLE ORLEANS, Louisiane - Première réelle incursion ce jeudi dans le "Vieux Carré", le coeur historique de La Nouvelle-Orléans. Très belles maisons évidemment, avec leurs balcons en fer forgé, mais aussi des bars et des pièges à touristes à gogo, où les margaritas, daïquiris et mint juleps convainquent les visiteurs que chez les créoles, la fête est plus folle. Mais ce qui nous a le plus frappés, c'est que La Nouvelle-Orléans, contrairement à pas mal d'autres villes américaines aseptisées, est un endroit qui sent fort. Ce bouquet d'égoût, de cuisine épicée, de poussière d'hydrocarbures et de jus de poisson rance qui est aussi celui de certaines médinas d'Afrique du Nord, nous l'avons pris en plein dans les narines en parcourant les rues Bourbon, Royale et Sainte-Anne. Des escales obligées par les beignets du Café du monde, les berges surélevées du Mississippi et la place Jackson, dont la statue équestre ressemble comme deux gouttes de tafia à celle qui orne le square devant la Maison Blanche à Washington, nous ont déjà séduits et nous poursuivrons demain notre exploration.

Pauvres bêtes

La gastronomie louisianaise est connue pour son audacieuse alliance de mets acadiens, tenant bien au corps donc, et de saveurs caraïbes épicées. Un touriste doit être prêt à quelques surprises avant de commander le menu du jour. Mais de là à accepter de voir atterrir dans son assiette des "charbroiled oysters" (huîtres grillées au charbon de bois)...

Le monstre du bayou

Après les dizaines d'alligators que nous avions admirés dans les Everglades en Floride l'année dernière, nous étions sans doute un peu blasés, mais nous aurions été très déçus de ne pas apercevoir leurs cousins louisianais à l'occasion de notre escapade dans les bayous. Bilan, pas mal de jeunes "gators" prenant le soleil sur le tapis végétal qui recouvre une grande majorité des bras d'eau du parc Jean-Laffite, mais aussi un beau bestiau d'au moins 2,5 mètres de long au milieu d'un canal. Ces bêtes sont moins dangereuses que les crocodiles, mais nous n'avons pas regretté de posséder une fonction "zoom" sur notre appareil photo!

French not dead

La francophonie en Louisiane n'est plus que résiduelle, même si nous avons croisé quelques Américains qui se débrouillaient très bien dans notre langue. En revanche, la toponymie a gardé toute sa saveur, plus de deux siècles après la cession du territoire par Napoléon, et c'est ainsi que l'on croise le village "Des Allemands", la base militaire de "Belle Chasse"... et ce bayou "Des Familles"!

We love bayou

BARATARIA, Louisiane - "Born on the baaaayou!" La musique de Creedence Clearwater Revival, un groupe qui n'a rien de louisianais d'ailleurs, nous a trotté dans la tête ce jeudi alors que nous explorions les bayous Ségnette et Coquille, dans le parc national Jean-Laffite au sud de La Nouvelle-Orléans. C'est un monde mystérieux d'eaux troubles dont dépassent des têtes d'alligators, de racines aériennes de cyprès, et de touffeur heureusement sans moustiques en ce début de printemps. Nous avons marché quelques kilomètres sur des pontons suspendus entre marécages et mousse espagnole, ces plantes en forme de barbichette qui descendent des branches dans le Sud. Une pensée émue aussi pour les Européens qui avaient entrepris de parcourir cet environnement hostile aux premières heures de la colonisation...

7 mars 2012

Quelle Vacherie

LA NOUVELLE-ORLEANS, Louisiane - Nous voici arrivés en terre promise, au bout de longues autoroutes bordées de pins puis de marécages: la Louisiane, qui n'est plus française depuis 209 ans mais a gardé de nombreuses traces de l'époque où la langue de Voltaire faisait autorité dans le tiers central des actuels Etats-Unis. Dans la commune au doux nom de Vacherie, est sise cette propriété hollywoodienne, l'"Oak Alley Plantation" dont l'allée de chênes tricentenaires vaut à elle seule le voyage. L'endroit se visite avec une guide en costume d'époque, dans un Sud romantique reconstitué et sans doute un peu idéalisé. Les quartiers des esclaves, qui avaient disparu, vont être reconstitués paraît-il, pour donner une image plus complète du passé. Au milieu du XIXe siècle, des dizaines de plantations se succédaient au bord du fleuve Mississippi, de La Nouvelle-Orléans jusqu'à Natchez. Aujourd'hui, ces propriétés, du moins celles qui restent, font figure d'enclaves enchantées: le développement du territoire au nom du dieu Pétrole a en effet défiguré une grande partie des abords du fleuve, entre raffineries, usines pétrochimiques et même une centrale nucléaire...

Un super mardi

MOBILE, Alabama - Nous avons quitté Atlanta au tout petit matin du mardi 5 mars, alias le "super-mardi" pour les candidats restants aux primaires républicaines en vue de la présidentielle de novembre: c'est le jour où dix Etats, dont la Géorgie justement, attribuaient des délégués pour la convention du parti conservateur à Tampa en août. Mais nous ne nous sommes pas attardés à surveiller les opérations de vote, et avons filé vers le sud-ouest, direction l'Alabama. D'abord, divine surprise, cet Etat est situé dans un fuseau horaire différent, celui du centre des Etats-Unis, ce qui nous a donné une heure supplémentaire d'activités. Et quelles activités! Au bout de l'autoroute, nous sommes tombés sur l'USS Alabama, un cuirassé de la Seconde Guerre mondiale, transformé en bateau-musée. Les Américains, toujours aussi forts, ont créé trois circuits de visite de ce bestiau de 210 mètres de long, capable au temps de sa splendeur de dépasser les 50 km/h sur mer et doté d'un rayon d'action de 20 000 km! Des kilomètres de coursives et des escaliers aussi abrupts qu'interminables ont mis nos mollets à rude épreuve, et c'est en sifflotant "In the Navy" que nous avons poursuivi nos périgrinations.

5 mars 2012

Au pays des caries

Un après-midi dans le monde enchanté de Coca-Cola, c'est l'expérience... intéressante que nous avons vécue lundi dans le musée dédié à la boisson effervescente marron, inventée par le bon docteur Pemberton voici 126 ans à Atlanta. Un peu fourre-tout, le "World of Coca-Cola" vaut pourtant pour ses expositions d'objets promotionnels étonnants, de publicités rétro, y commris en français (en photo, sans doute un exemple canadien) et de distributeurs frappés du logo rouge, dont un fit le voyage dans la navette spatiale en 1985! Et la visite se conclut par une razzia sur des distributeurs de produits Coca du monde entier, du "Nestea" français, sans doute le moins sucré du lot, au "Krest" mozambicain en passant par l'"Inca Cola" (sic) venu du Pérou et le "Sunfill" de Djibouti. C'est notre dentiste qui va être content...

Au sommet de la montagne

Très émouvante visite lundi matin dans le quartier historique d'Auburn, à quelques centaines de mètres à l'est du centre-ville d'Atlanta; c'est là que naquit,vécut et prêcha Martin Luther King, le héraut de la lutte pour la déségrégation raciale et les droits civiques dans les Etats du Vieux Sud. De la Géorgie au Texas étaient alors toujours en vigueur des lois héritées de la période "Jim Crow", quand le Sud vaincu pendant la Guerre de Sécession avait trouvé un moyen de cantonner les Noirs dans une citoyenneté de seconde zone. Entre la maison natale du pasteur (photo) et l'église baptiste Ebenezer où il prononça des sermons avec son père, le service des Parcs nationaux retrace la vie héroïque du prix Nobel de la paix, avec ses interventions les plus célèbres, comme "J'ai fait un rêve" sur les marches du mémorial Lincoln à Washington DC. Mais le discours le plus émouvant est sans doute celui dit du "sommet de la montagne", dans lequel il avait évoqué le souvenir qu'il souhaitait laisser au monde, à la veille de son assassinat à Memphis. Beaucoup d'images d'archives, où l'on voit le charisme et l'éloquence époustouflants de King à l'oeuvre, mais aussi des Blancs des années 1950 énoncer des opinions d'une violence inouïes. On en sort pour le moins ébranlé, et d'autant plus pessimiste sur l'émergence d'une société "post-raciale" célébrée après l'élection d'Obama: en rentrant, on croise en effet des dizaines de paumés ou de SDF dans les rues délabrées du centre d'Atlanta. Tous, sans exception, sont noirs.

4 mars 2012

Echauffement olympique

ATLANTA, Géorgie - Mille kilomètres au sud-ouest de Washington, nous voici à Atlanta, la capitale de Géorgie chère à Scarlett O'Hara. Mais rien de bien colonial dans une ville où les gratte-ciels rivalisent de vitrages fumés. Au beau milieu de tout cela a été installé le parc du centenaire olympique (Atlanta hébergea les Jeux en 1996, rappelez-vous), avec en son centre une rituelle statue du baron Pierre de Coubertin. Nous avons parcouru les alentours, engoncés dans nos polaires et nos coupe-vent: des rafales frisquettes s'abattaient sur l'endroit, que nous visiterons plus en profondeur demain lundi.

3 mars 2012

Garde à vous

CHAPEL HILL, Caroline du Nord - C'est reparti, et bien parti. Une dégringolade de 400 km vers le sud et nous voici en Caroline du Nord, "l'Etat qui aime le plus les militaires", comme il est écrit sur le panneau d'accueil. Déjà le paysage a changé: les pins ont remplacé les érables, et des bourgeons timides commencent à ponctuer les bosquets. Nous faisons étape ce soir dans la conurbation de Raleigh-Durham-Greensboro où est installée la prestigieuse université de Duke. L'endroit est en transe ce soir car l'équipe de basket locale est en train de se faire étriller par l'université publique voisine dans un derby apparemment d'anthologie. Nous franchirons demain 600 km de plus vers Atlanta en Géorgie, en espérant passer entre les gouttes d'une grosse perturbation qui remonte du golfe du Mexique.