31 mai 2009

Le retour


WEST HOLLYWOOD, Californie.
Nous sommes biens rentrés ce samedi après-midi après 7 495 km (gargl!) de voyage du Sud de la Californie au nord de l'Etat de Washington, et retour. Un peu rincés par la dernière ligne droite et toutes les précédentes, nous remettons l'appartement en route et décochons la case "Nomade" dans notre configuration, et aurons de nouvelles photos pour vous dès que possible.

28 mai 2009

Goûtons voir


VALLEJO, Californie.
Ca sent l'écurie; nous voici à Vallejo, au nord-est de San Francisco, soit à six heures de route de Los Angeles. Mais avant de replonger dans notre quotidien hollywoodien, nous avons encore à rendre hommage à un autre secteur d'activité qui fait la réputation de la Californie: son vin! Visite donc ce mercredi du sud de la vallée de Sonoma, l'un des centres de la viticulture américaine avec la vallée voisine de Napa et la région de Santa Ynez au nord-ouest de Los Angeles. Nous ne sommes pas de grands fanatiques du vin de Californie, souvent chaptalisé ou "baptisé" pour plaire au plus grand nombre. Très fort en alcool, il donne rapidement mal à la tête. Mais la région est magnifique et nous espérons bien inspecter encore quelques chais jeudi matin (cliquez sur la photo, vous verrez que nous n'aurons que l'embarras du choix) avant de repartir vers notre dernière étape, le Yosemite.

Plus vieille la ville


Certes, ça ne vaut pas les remparts de Carcassonne, mais Sacramento possède un centre historique à la mesure de ce qui fut la deuxième ville de Californie et la porte d'entrée vers l'or de la Sierra Nevada au milieu du XIXe siècle. Sur plusieurs pâtés de maisons ce ne sont qu'immeubles en brique rouge ou en bois, impeccablement restaurés et dévolus pour la plupart à des magasins touristiques ou des gargotes. Mais certains abritent des résidences et même des cabinets d'avocat ou d'architecte. Petit détail qui vient gâcher un peu le tableau: l'autoroute six voies qui surplombe le quartier et le sépare du reste de Sacramento.

Le bureau d'Arnold


Passage en coup de vent mercredi à Sacramento, la capitale administrative de la Californie, à 150 km de San Francisco. C'est donc là que notre bien-aimé "gouvernator" Arnold Schwarzenegger officie. Lorsque nous sommes passés devant le Capitole, s'y déroulait une manifestation de handicapés apparemment furieux contre une législation les pénalisant. Vu l'état des finances de la Californie et le train d'impôts qui arrive à toute vapeur, l'ancien héros de Hollywood risque de se faire d'autres "amis" et de regretter ses plateaux de tournage.

Evadés au Nevada


Logeant au lac Tahoe à un pâté de maisons du Nevada, nous y avons effectué une petite escapade lundi soir, pour goûter aux buffets du casino Harrah's local. Le jeu est autorisé partout au Nevada, mais seulement dans les réserves indiennes en Californie, et les Nevadiens ont construit leurs casinos juste à la frontière. La preuve en image.

Point de vue, image de l'onde


Tahoe vu du haut des pistes de ski qui lardent les montagnes environnantes. Le câble est celui du mini-téléphérique que l'on emprunte pour atteindre 3 050 m d'altitude.

A bicyclette


Sous les frondaisons des pins au bord du lac Tahoe, les pistes cyclables étaient un peu embouteillées mais le temps splendide. Et un peu de sport à cette altitude n'a pu faire que du bien à nos globules rouges!

La Méditerranée en haute altitude

Etonnant lac Tahoe au bord duquel nous nous sommes attardés lundi: bien que situé à 2 200 mètres d'altitude, il prend des airs de Croatie ou de Turquie lorsque, le beau temps venu, les Californiens s'y baignent dans des eaux bleutées bordées de plages de sable fin. Pourtant, la température aquatique ne dépasse jamais 20°C, ce qui ferait déjà le bonheur des estivants en Bretagne.

25 mai 2009

Tahoe


SOUTH LAKE TAHOE, Californie.
Pardon pour ces quelques jours sans signe de vie, mais le wi-fi reste une denrée rare dans les parcs nationaux du nord de la Californie et les petits motels sis à leur proximité. Après de beaux gymkhanas sur les routes entre la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada, nous voici arrivés au mythique lac Tahoe (prononcez "Tahou"), aux superbes eaux bleues cernées de forêts et de sommets encore bien enneigés.
Nous avons échoué dans un minuscule motel qui a dû faire la guerre de Sécession, mais le moral est bon à South Lake Tahoe, à quelques dizaines de mètres de la frontière du Nevada. Des casinos géants ont d'ailleurs poussé de l'autre côté du pâté de maisons. C'est toujours le week-end à rallonge du "Memorial Day" et le touriste a déferlé en nombre au bord du lac de 500 km2 où certains se baignent, apparemment insoucieux du caractère glaciaire de la région. Sans les imiter, nous comptons bien profiter de l'endroit ce lundi, à pied, à vélo voire en poussette. La voiture? C'est un peu l'overdose: en trois semaines nous avons roulé 6 000 km tout rond.

Ils en tiennent une couche


Pour les incrédules, un 24 mai en Californie. Environ 2 400 mètres d'altitude.

Oies et oisillons oisifs


Samedi midi, nous avons pique-niqué avec vue sur la faune.

Sortie de Lassen


Le parc national du Mont Lassen constitue un autre joyau de la chaîne des Cascades (dont font aussi partie les monts Rainier, Saint Helens, Shasta, Hood et le Crater Lake). Et vous l'aurez deviné, le Lassen est lui aussi un volcan. Malgré la canicule qui continue à régner (21°C à 2 000 mètres d'altitude, on en redemande!), une grande partie du parc reste ensevelie sous plusieurs mètres de neige et il est impossible d'emprunter la route qui le traverse avant au mieux la mi-juin. Heureusement, certaines balades sont parfaitement praticables au pied de ce géant de 3 200 mètres, comme le tour d'un petit lac sur lequel évoluent des oies et leurs petits, mais aussi des pêcheurs du week-end. La réglementation des parcs nationaux américains interdisant tout prélèvement, ne serait-ce que d'une pomme de pin, seuls "catch and release" (pêcher et relâcher) sont autorisés.

C'est quoi le KOA?


Le KOA, c'est une chaîne de campings tentaculaire. Dans chaque Etat il existe au moins une dizaine de "Kampgrounds of America", des terrains toujours très propres, bien équipés (jeux pour enfants, piscine, wi-fi...) et dont les gérants sont souvent accueillants. Parfois trop: vendredi soir à celui du Mont Lassen près de Shingletown, "Al" nous a lancé, limite hystérique: "Allez, c'est enfin le Memorial Day, je veux voir un sourire sur votre visage!"
Ce à quoi nous avons répondu, comme des Français arrogants (pléonasme) et forts de leurs acquis sociaux de 1936 et 1981: "vous savez, cela fait déjà trois semaines que nous sommes en vacances!" Au KOA, ils en restèrent cois.
Notre dernière expérience de KOA s'était assez mal passée, fin 2006 dans l'Utah, car Robert le catcat nous fondit un fusible dans le fin fond de cet Etat déjà reculé. Mais cette fois-ci, tout s'est bien déroulé et nous avons bien profité de notre "Kottage", une petite cabane en bois tout confort. Car le KOA n'est pas sectaire et vous accueille même si vous n'avez pas de camping-car de la taille d'un autobus tractant un 4x4 ou de caravane dépliable occupant 40 m2 au sol.
Sur la photo, avec en arrière-plan notre "Kottage", notre occupation matinale et répétitive: entasser nos 2 m3 de bagages dans notre peu pratique Chevrolet Equinox de location.

Mont Shasta


4 322 mètres.

Le week-end mémorable


Le week-end prolongé du "Memorial Day" marque fin mai le début officiel des vacances d'été, ou du moins de la saison touristique de plein air pour les Américains dont beaucoup ne prennent que deux ou trois semaines de congés par an. Et comme le gouvernement fédéral a tout prévu, de nombreuses zones du territoire sont dévolues à la "recreation". En clair: piloter des gros trucs qui font du bruit sur terre, sur mer ou sur pièce d'eau, comme nous l'avons vu dès vendredi au bord du Lac Shasta dans le nord de la Californie.
Malgré la sécheresse visible sur la photo, pieds dans l'onde à côté de leurs pick-ups tirant des remorques bourrées de glacières elles-mêmes chargées de packs de bières Budweiser, les Américains savourent leur temps libre à la manière, sans doute magnifiée, de leurs glorieux ancêtres qui pénétrèrent ces terres rugueuses dans l'espoir d'offrir à leur descendance un avenir meilleur.

Fleuves de lave dans tunnels


Etonnante découverte jeudi dans le "Lava Beds National Monument". Dans l'extrême nord de la Californie, un volcan a connu des éruptions intermittentes depuis au moins un demi-million d'années. Mais contrairement à ses cousins Saint Helens et Rainier dans l'Etat de Washington, ce volcan n'explose pas. Il libère des fleuves de lave à écoulement très lent, laissant le temps à la couche supérieure de se solidifier tandis que la lave continue à s'écouler en sous-sol. Le résultat? Ces singuliers tunnels dans lesquels les visiteurs peuvent marcher, en faisant attention aux traîtres rochers (ouille!) et aux plafonds parfois bas (aïeu!) Les rangers fournissent les torches électriques mais pas les casques.
Bosselés mais heureux d'avoir parcouru ces boyaux, nous avons aussi appris que la région avait été le théâtre de deux faits assez peu glorieux de l'histoire récente des Etats-Unis.
D'abord, la guerre menée au début des années 1870 par les armées du président Grant contre les guerriers Modoc, tribu indienne locale qui résista à un contre dix pendant des mois grâce à sa connaissance du terrain et aux fameux tunnels, propices à la guérilla. Finalement vaincus, non sans avoir tué un général américain, les Modocs furent déportés dans des réserves de l'Oregon voisin, mais aussi de l'Oklahoma, à plus de 2 000 km de leurs terres ancestrales.
Ensuite, lors de la Seconde Guerre mondiale, la zone de Tulelake, ville voisine du parc, fut dévolue à un camp d'internement géant destiné à abriter les dizaines de milliers d'Américains d'origine japonaise, déclarés "ennemis intérieurs" par Franklin Roosevelt un mois après Pearl Harbor.

Americana


Tout au long de nos voyages aux Etats-Unis depuis 2006, nous avons effectué de nombreux et instructifs arrêts dans l'Amérique profonde, celle des pick-ups rouillés, des kilomètres de fil de fer barbelé gardant des troupeaux de centaines de vaches, et de loin en loin, des petites bourgades rurales, qui ont toutes ce goût d'Amérique perdue. Loin des "malls" et des autoroutes, ces endroits conservent en général trois choses: l'église, la station-service et la gargote servant des frites grasses dans un petit panier en plastique garni d'un papier à carreaux rouge et blanc, et des sodas bourrés de glaçons dans des verres en plastique cassants et souvent rayés. Voici par exemple Merrill, dernier arrêt en Oregon avant la Californie.

21 mai 2009

Et après, il reste des cratères


TULELAKE, Californie.
Grand détour qui le valait mercredi: le Crater Lake, unique parc national de l'Oregon, mais quel parc! Il était une fois le mont Mazama, un volcan culminant à 3 600 mètres d'altitude, qui dans un déchaînement cataclysmique, s'effondra sur lui-même il y a environ 7 700 ans. Lorsque les colons arrivèrent dans la région au milieu du XIXe siècle, la tradition orale des indiens (présents dans l'Oregon depuis plus de cent siècles) avait gardé trace de la catastrophe qui, non seulement décapita la montagne mais creusa un cratère de près de 600 mètres de profondeur. Les chutes de neige et l'évaporation ont fait leur office, et le lac, qui n'est alimenté par aucune rivière, est aujourd'hui le plus profond des Etats-Unis. Dans ses eaux sans rides se reflètent les berges abruptes de ce qui reste du Mazama, pour l'émerveillement des touristes. En cette fin de printemps, ces derniers sont encore rares, et pour cause; il tombe à Crater Lake quelque 15 mètres de neige par an et lorsque nous y sommes passés, seuls quelques tronçons de route avaient été déblayés par les rangers.

19 mai 2009

Période de transition

BEND, Oregon.
Grosse journée de route ce mardi, entre The Dalles et Bend, la grande ville du désert d'altitude au centre de l'Oregon. Après avoir remonté la vallée de la Columbia River, nous avons traversé la forêt nationale du Mont Hood, un autre volcan des Cascades qui culmine à près de 3 500 mètres et dont le pentes sont parsemées de petites stations de ski. Notre passage s'est effectué à l'intersaison, lorsque la pluie remplace la neige. 4°C dans les cols, mais nous avons retrouvé des températures décentes ce soir. Demain sera une autre paire de manches; à l'assaut du Crater Lake, un parc national qui semble toujours très enneigé.

Soigne ta chute


Arrêt pique-nique un peu humide près des Multnomah Falls, non loin de Portland dans l'Oregon. Le pont qui les enjambe et attire les plus imperméables des touristes semble avoir été posé là par un paysagiste japonais. Hauteur de ces chutes à un jet de pierre de la Columbia: 189 mètres, soit les plus hautes de l'Etat. Etant donné la débâcle et les précipitations récentes, nous les avons admirées alors qu'elles étaient en pleine forme. Nous espérons en voir autant au Yosemite, dans quelques jours.

L'appel du fleuve


Un des buts de notre grand voyage: voir enfin les gorges de la "Columbia River", le grand fleuve du nord-ouest des Etats-Unis, alimenté notamment par la fameuse "Snake River". Un peu larges pour des gorges selon l'acception française (Verdon, Ardèche)mais très esthétiques.

Boum!


A une vingtaine de kilomètres du "visitors center" du Mont Saint Helens, un panneau prévient que nous entrons dans la "zone du souffle". Vingt-neuf ans, jour pour jour, après l'explosion dévastatrice et meurtrière de ce volcan de la chaîne des Cascades dans le sud de l'Etat de Washington, notre petite expédition est allée à la rencontre de ce géant désormais endormi. D'un sommeil certes léger; après l'événement de 1980 qui a spectaculairement changé le paysage de ce coin d'Amérique par ailleurs superbe, le Saint Helens a recommencé à bouillir comme la cocotte-minute colossale qu'il est, et sa prochaine explosion n'est peut-être qu'une question d'années, à coup sûr de siècles. En attendant, quel spectacle. Près de trois décennies plus tard, la coulée de boue et de roches ayant dévalé les pentes du volcan, qui a perdu 400 mètres de hauteur dans la bataille, est toujours bien visible, et certaines montagnes alentour, scalpées, n'ont pas encore retrouvé leur végétation normale, dont on fait les arbres de Noël.

18 mai 2009

En majesté





Visble par beau temps de Seattle à plus de 100 km de là, le Mont Rainier a constitué l'un des temps forts de notre voyage. Chance extraordinaire en cette saison aux dires des locaux, nous l'avons abordé par des températures presques caniculaires: 27°C en plaine et encore 16°C à 1 500 m d'altitude, au pied du "visitors center". Mais cet endroit du volcan de 4 300 mètres a reçu cet hiver un peu plus que sa ration moyenne de précipitations, déjà colossale: 17 mètres de neige! Autant dire qu'il y avait de l'activité dans les lits des torrents et les trajectoires des cascades. Etant donné l'enneigement massif, certains endroits du parc n'ouvrent au public que fin juin. Mais ce qui est déjà visible vaut largement le détour. Et les environs, la chaîne des Cascades, n'est pas mal non plus.

17 mai 2009

Le trou


Perdez-vous sur une départementale du fin fond, au hasard, de la France. Tombez sur un village perdu. Il y a de bonnes chances pour qu'apparaisse au détour d'un chemin une fabrique de fromages fins, un éleveur de lamas ou même une abbatiale du XIIe siècle. Une curiosité historique, un fait remarquable, le lieu du martyre de Sainte-Perpétue, une permanence de sénateur démocrate-chrétien, bref QUELQUE CHOSE.
Pas ici. Ici, Morton à 140 km au sud de Seattle, 1 045 habitants par temps clair. Sa station service, son supermarché, ses trois restaurants fermés et sa gargote mexicaine ouverte. Heureusement les environs sont plus sympathiques: le mont Rainier au nord-est et le mont Saint-Helens au sud-ouest. Ce sera pour demain.

16 mai 2009

Quittons la ville (mais restons urbains)




Si pour ce cinquième voyage hors de nos bases californiennes nous avons privilégié les petites routes et les chemins de traverse, nous n'avons rien contre un peu d'immersion urbaine, et Seattle s'est révélée une escale très agréable, à taille humaine un peu comme San Diego ou San Francisco: les trottoirs non seulement existent, mais sont larges, les vitrines se laissent lécher et les transports en commun (dont un monorail très "futur des années 1950") semblent efficaces. Bref, nous sommes séduits par "Starbucksland", d'autant plus que ses habitants se sont montrés décontractés et affables, apparemment pas affectés par l'environnement très caféiné qui est le leur! Nous avons en outre eu la chance de ne pas tomber sur un des épisodes pluvieux qui font la célébrité de l'endroit. Ce week-end, nous replongeons dans la sauvagerie, à l'assaut de deux célèbres montagnes de l'Etat de Washington: le mont Rainier et le mont Saint-Helens.

S'instruire en rockant


Seattle étant l'une des rares villes américaines à posséder un musée du rock (avec notre Los Angeles et Cleveland dans l'Ohio), nous n'allions pas laisser passer l'occasion de nous cultiver. Une partie de notre vendredi après-midi a donc été consacré à étudier les distorsions de la pédale de guitare "wah-wah" de Jimi Hendrix, enfant du pays, jauger des costumes de scène de Johnny Cash et admirer une impressionnante rétrospective de la guitare électrique à travers les âges, de Bo Diddley à Kurt Cobain en passant par Eric Clapton et Eddie Van Halen.
Dans le hall, cette incroyable sculpture de 700 instruments de musique vaut le détour.

Ruée vers leurre



Un immeuble du centre historique de Seattle, ex-"Cadillac Hotel", a été récupéré par le service des parcs nationaux pour expliquer, d'ailleurs très bien, l'aventure des prospecteurs d'or partis de la ville pour Dawson, dans l'extrême nord-est canadien, épicentre d'une ruée vers l'or historique en 1897. On apprend ainsi que les autorités requéraient des voyageurs qu'ils emportent pour un an de réserves de nourriture (ce sont les épiciers de Seattle qui ont été contents), que l'or est deux fois plus dense que le plomb et que surtout, malgré la rumeur de montagnes ruisselant d'or qui fit tout quitter à des dizaines de milliers d'Américains, mais aussi d'Européens, la probabilité de revenir millionnaire du Klondike était de moins de 0,5%. Soit bien moins élevée que celle de mourir congelé par les températures hivernales de -40°C, dévoré par un grizzly ou abattu par un rival à la gâchette facile.

Jugement par le feu



Quelques années avant San Francisco en 1906, il est arrivé à Seattle la même mésaventure; elle a presque entièrement brûlé. Du coup, les bâtiments les plus récents datent de la toute fin du XIXe siècle. Ils reflètent la prospérité de l'époque, quand la "New York de l'ouest" était devenue la plaque tournante du négoce de l'or du Klondike (voir plus haut). Ici, le "Pioneer building", inspiré de l'école architecturale de Chicago et dont la structure est en fer.

Oh, c'est haut!

J'ai vu New York, New York USA, j'ai jamais rien vu d'aussi haut, si haut, mais Seattle n'est pas mal non plus. Du haut des 300 mètres de la "Space needle", et par temps clair (chance, c'était le cas), la vue alentour est fort sympathique. Et l'ascension se révèle deux fois moins chère que celle de l'Empire state building...

15 mai 2009

Au pied de l'aiguille de l'espace


SEATTLE, Washington.
Et voilà, on l'a fait! Arrivée tardive ce jeudi soir à Seattle, la plus grande ville de l'Etat de Washington, sise sur des collines entre un lac et le "Puget Sound", bras de mer glaciaire profondément fiché dans cette fertile (et spongieuse) région américaine. Notre hôtel est à quelques blocs de la "Space needle" (l'aiguille de l'espace), le monument emblématique de la ville. Nous partirons demain à la découverte de la cité, imperméable à portée de main.

Une cavale au Canada?



Passage ce jeudi midi à Port Angeles, la ville la plus au nord de notre voyage. De là, on peut prendre le ferry-boat vers Victoria, sur l'île de Vancouver au Canada, d'ailleurs visible par temps clair de l'autre côté du détroit Juan de Fuca. En grimpant dans la station de sports d'hiver locale, "Hurricane Ridge" à 1 700 mètres d'altitude, les côtes canadiennes nous sont apparues entre deux nuages. Le temps nous manquait pour poursuivre plus au nord, mais un jour, oui, un jour...

Lac clément


En route jeudi matin vers Seattle, nous sommes passés au bord du lac Crescent, alors que le temps avait le bon goût de se mettre au beau.

Sous les troncs, la plage


Nous vous déconseillons la baignade dans la mer longeant l'Etat de Washington (sauf si vous vous sentez une vocation de mannequin chez les surgelés Picard) mais les plages y sont d'une étrange beauté, grâce aux milliers de troncs d'arbres blanchis qui les jonchent. Comme 95% de la forêt de la région sont protégés, les arbres tombent naturellement et sont emportés par les flots des dizaines de rivières vers la mer, où les tempêtes d'hiver les renvoient sur les côtes.

Ne te retourne pas, il y a un cerf qui nous suit


Emotions fortes ce mercredi dans la "rainforest" du parc national Olympic lorsque nous sommes tombés nez à andouillers avec un jeune cerf au détour d'un sentier boueux. Pour ajouter un peu de piquant à la situation, nous venions de lire un avis à la station de rangers du parc, annonçant que plusieurs visiteurs s'étaient tout récemment fait charger par un de ces animaux. Nous avons donc attendu qu'il aille brouter ailleurs, avant de passer à quelques mètres de ses cuissots pour poursuivre notre randonnée. Mais c'est alors que le bougre s'est mis à suivre notre groupe d'une dizaine de personnes! Son manège a bien duré cent mètres. Les conseils des responsables du parc sont formels: ne courez surtout pas. Ce n'est pas l'envie qui nous manquait. Enfin, ce n'était pas non plus un ours...

L'empire du vampire

Aparté qui n'a rien à voir. N'étant ni adolescentes en fleur ni parents de tels phénomènes, nous ignorions à peu près tout de "Twilight", la série de romans américains racontant les amours malheureuses d'une mortelle et d'un vampire. Adaptée à l'écran fin 2008, cette série, tout de même écoulée à plus de 40 millions d'exemplaires, a la particularité de se dérouler à Forks. Du coup, l'endroit connaît un petit "boom" touristique: des magasins consacrent leurs vitrines aux photos de l'héroïne et de son amoureux aux dents pointues, joué au cinéma par le bellâtre britannique Robert Pattinson. Une entreprise a même lancé des circuits en bus sur les lieux de l'action fictive. A jamais redevable à la romancière Stephenie Meyers, la ville de Forks, dont le principal titre de gloire était auparavant d'accueillir le musée de la bûche et du bûcheron, a décrété le 13 septembre "Stephenie Meyers Day", défilé d'habitants grimés à la clé.

Humide!




FORKS, Washington.
Déjà, la raison sociale de l'Etat de Washington aurait dû nous rendre méfiants: "l'Etat toujours vert". Sur sa façade Pacifique, il y pleut 300 jours par an. Pas de chance, c'est tombé sur nous!
Blague à part, seul mercredi a vraiment été pénible, nous forçant à nous terrer tout l'après-midi dans notre hôtel de Forks, la métropole locale (3 000 habitants, quand même).
En matinée, entre deux ondées (et même pendant), nous avons marché dans la "rainforest", ou encore "forêt tempérée humide" du parc national Olympic. Et humide, l'endroit l'est tellement que de la mousse pousse sur les routes et les téléphones publics (voyez plutôt), sans parler des arbres qui paraissent poilus-verts. Du côté ouest du parc, on arrive quand même à plus de quatre mètres de précipitations annuelles, ce qui en fait l'un des endroits les plus arrosés au monde.

La rivière avec retour




Le passage entre l'Oregon et Washington s'effectue via la rivière Columbia, un sacré morceau franchi à grand peine par un colossal ouvrage d'art, mi-"cantilever", pont levant en entrelacs de métal façon tour Eiffel, mi-"causeway", chaussée posée quelques mètres au dessus de l'eau glacée, en arrivage direct des Rocheuses orientales. Avant de remonter vers le Nord, nous nous sommes brièvement arrêtés à Astoria, le premier établissement blanc américain sur la côte nord-pacifique. Des riches heures de ce comptoir subsistent des dizaines de maisons en bois de style victorien, et une colonne quasi trajane plantée sur une colline commandant une vue somputueuse sur des alentours non moins ébouriffants.
Ce n'est qu'un au revoir à l'Oregon, nous y revenons la semaine prochaine.

Mission exploratoire


Juste avant de passer dans l'Etat de Washington, arrêt ce mardi au parc national historique consacré à Lewis et Clark, ces intrépides explorateurs qui entre 1804 et 1806, remontèrent le Missouri, franchirent les Rocheuses et triomphèrent d'un climat hostile pour atteindre le Pacifique, ce qui permit aux jeunes Etats-Unis, tout juste agrandis de l'achat de la Louisiane aux Français, d'envisager leur expansion à l'échelle d'un continent.
En deux ans et demi, Lewis et Clark parcoururent environ 6 500 km et acquirent l'immortalité. Nous avons visité la reconstitution (réalisée en 1955) de Fort Clatsop, le sommaire abri que ces glorieux ancêtres érigèrent dans le nord-ouest de l'Oregon pour y passer trois mois pendant l'hiver 1805-1806.

Instantanés oregonais


Nous avons quitté l'Oregon mardi pour l'Etat de Washington, le plus septentrional des territoires que nous traversons lors de notre grand voyage. Saviez-vous que le nom "Oregon" est une déformation du nom "Ouragan" en français? D'ouragan nous n'avons pas pâti, mais de pluie, si, surtout à la fin.
Parmi les deux curiosités qui nous ont frappés; il est illégal, vous lisez bien, illégal de faire soi-même le plein en Oregon. A chaque arrêt chez Shell, Chevron ou autre représentant de l'hydre aux carbures, un préposé plein d'allant se précipite sur vous et votre véhicule pour saluer le premier et étancher la soif du second. On se croirait en France dans les années 1950!
Autre particularité locale, mais qui s'étend également à l'Etat de Washington, ces petites cabanes installées de loin en loin sur le bord des routes et qui servent à toute heure des expressos, des lattes et même des cappuccinos. Est-ce à cause de la froidure matinale, de l'esprit d'entreprise local (le siège de Starbucks est à Seattle) ou des champs de caféiers qui bordent les routes départementales du coin? (non, on rigole) En tout cas nous avons pris goût à ces arrêts post-prandiaux ou pré-parcnationalistes qui nous mettent du coeur au ventre.

12 mai 2009

Les coucous de Buck Danny




SEASIDE, Oregon.
Quand le temps se met au gris, les touristes compulsent fiévreusement les guides d'attractions locales et dans la région de Tillamook (Oregon), le choix peut se révéler limité. Heureusement, cette petite localité a joué un rôle important lors de la Seconde Guerre mondiale en abritant une base aéro-navale où étaient entreposés des ballons dirigeables destinés à la défense des côtes face à une éventuelle invasion japonaise.
Les dirigeables ont disparu mais leur abri a survécu. Et il s'agit rien moins que du plus gros hangar en bois du monde: plus de 300 mètres de long, 59 de haut et 90 de large, soit quelque 24 000 m2 aujourd'hui dévolus à l'exposition de vieux coucous, principalement de la période 1941-1945 comme les P-51 Mustang, hydravion Catalina ou encore DC-3/C-47 pilotés par le héros de bandes dessinées Buck Danny, mais aussi un Messerschmitt 109 du IIIe Reich ou un "zéro" japonais. Nous avons fait "vroooar" et "tactactac" à bord de simulateurs de vol et admiré la dextérité des artistes de l'armée de l'air quand il s'agit de décorer le fuselage de leurs terribles machines.

11 mai 2009

Un Etat sable



LINCOLN CITY, Oregon.
Le voyage vers le Nord se poursuit selon le rythme prévu, et à 2 000 km de Los Angeles, nous faisons escale ce dimanche soir dans la station balnéaire de Lincoln City, au milieu de la côte Pacifique de l'Oregon. L'endroit a comme un goût d'arrière-saison, avec ses restaurants fermés, ses hôtels quasi inoccupés et son maigre trafic sur la route côtière 101.
Aujourd'hui, nous avons effectué un court arrêt à Florence, grande ville de la région, et frontière entre les deux aspects de la côte: des plages à l'infini au sud, des falaises et des rochers au nord. La plupart des plages sont gérées par l'Etat.
Mais comme le pays vénère entre autres la déesse Bagnole, une partie de ces terres "protégées" sont en fait une "National Recreational Area", un terrain de jeux pour quatre-quatreux, motards ou pilotes de quads. Plusieurs zones identiques existent dans les déserts autour de Los Angeles, du reste.
Ce qui ferait en revanche plaisir aux amis de la nature, c'est la propreté relative de ces immensités sablonneuses; on croise beaucoup de souches et de bois flotté en se baladant, mais peu de déchets en plastique, de bouées crevées ou de morceaux de filets de pêche, au contraire de certaines côtes bretonnes. Il est vrai aussi que peu de bateaux cabotent le long des rivages de l'Oregon.
Note aux fidèles lecteurs: bientôt, promis, d'autres photos que maritimes. On comprend que ça lasse!