28 août 2011

Dans les bras d'Irène

BETHESDA, Maryland - Nous avons survécu à l'ouragan Irène! Décidés à rentrer le plus vite possible, nous avons relié le Canada au Maryland en une grosse journée, le défi étant d'éviter la zone de New York, en pleins préparatifs avant l'arrivée du cyclone. Chemin des écoliers donc, via Boston, Albany et le centre de la Pennsylvanie, sous des trombes d'eau. Irène était au large de la Virginie voisine lorsque nous nous sommes enfin garés devant chez nous vers 1h30 du matin, après 1 600 km d'une traite et quelques rafales latérales. Pas de gros dégâts apparents dans le quartier mais beaucoup de feuilles d'arbres jonchant les rues. Un peu sonnés, nous nous réadaptons à la vie sédentaire, des souvenirs canadiens plein la tête. Ce blog suspend son vol, jusqu'à la prochaine fois.
P-S: en 27 jours, nous avons roulé 7 916 km.

26 août 2011

"I love you Canada!"


Cette exclamation que nous devons au plus jeune membre de la famille, nous avons eu envie de la prononcer un certain nombre de fois au cours de notre séjour, parmi les plus belles vacances que nous aurons passées. Des paysages à couper le souffle du Cabot Trail en Nouvelle-Ecosse à la solitude de la taïga des Laurentides, du charme européen du Vieux-Québec à la gentillesse de tous les Canadiens qui ont croisé notre chemin, nous avons vécu quatre semaines mémorables chez nos voisins du Nord. Nous repassons demain aux Etats-Unis, déjà nostalgiques d'une autre Amérique du nord.

Quand homme blanc couper du bois...


Vous connaissez l'histoire du colon français arrivant en fin d'été 1723 pour s'établir à la campagne au Québec, et qui décide de couper du bois pour l'hiver? Revenant du bosquet voisin, sa brouette pleine de bûches, il croise le vieux chef iroquois local. Il lui demande si à son avis l'hiver sera rude. "Oh oui, l'hiver sera rude", affirme l'Indien. Impressionné, le néophyte va encore couper du bois, et revient avec une charrette pleine. Il demande au chef s'il est sûr de lui. "Oh, oui, l'hiver sera très rude", répond ce dernier. Ebranlé, le colon, qui sait par ses homologues de Nouvelle-France, sans l'avoir encore vécu, à quel point l'hiver canadien est sans merci, repart le lendemain avec deux charrettes vers le bosquet, coupe du bois pendant toute la journée. Suant, ahanant, il demande au chef au retour si l'hiver sera vraiment très rude. "Oh, oui, l'hiver sera vraiment très très rude", rétorque le vieux sage. Décidé à ne prendre aucun risque, le colon repart le lendemain avec toute une équipe, et ils défrichent plusieurs arpents de forêt, revenant avec dix charrettes de bois. L'Iroquois les regarde: "je crois qu'on n'aura jamais vu un hiver aussi rude que cette année". Epuisé, le colon demande: "Ô grand chef, comment sais-tu que l'hiver sera si rude?". Et l'Iroquois le regarde, les yeux plissés: "vieille légende indienne dit que quand l'homme blanc coupe beaucoup de bois, l'hiver sera très rude".
Tout cela pour dire qu'à vue de nez, l'hiver canadien sera rigoureux cette année, comme d'ailleurs tous les ans: quasiment toutes les maisons, des Laurentides à la Nouvelle-Ecosse, sont flanquées de dizaines de mètres cubes de petites bûches. Les régions que nous avons parcourues en short et en T-Shirts vont en effet se transformer d'ici quatre mois en étendues neigeuses et verglacées, avec des températures moyennes de -20°C entre janvier et mars. "Mais des fois, ça remonte jusqu'à -5°C", nous a expliqué le meunier du village acadien près de Caraquet la semaine dernière. Soulagement.

Veillée d'armes


SAINT JOHN, Nouveau-Brunswick - Le Canada nous a offert une météo fantastique pendant ces quatre semaines: seulement deux jours vraiment pourris, du soleil et des températures entre 25 et 30°C la plupart du temps, on en redemande! Surtout que nous nous attendions à être bien douchés. Mais, grande ironie, alors que nous nous apprêtons à rentrer au bercail, voilà que le premier ouragan à menacer la Nouvelle-Angleterre depuis sept ans se dresse entre nous et la région de Washington! Il va falloir ruser avec le monstre, c'est à dire prendre quelques chemins de traverse, pour éviter les vents de plus de 100 km/h que l'on nous promet pour dimanche et lundi du côté de la côte nord-est. La solution devrait être de contourner New York très au nord-ouest, en espérant que des centaines de milliers d'Américains n'auront pas eu la même idée que nous. En photo, prise depuis la voiture entre la Nouvelle-Ecosse et Saint John, la grande ville du sud du Nouveau-Brunswick, ce n'est évidemment pas l'ouragan "Irene", mais ce nuage à l'allure de champignon atomique nous a semblé bien résumer la situation!

25 août 2011

Chez Louis



LOUISBOURG, Nouvelle-Ecosse - A la Saint Louis, Louisbourg tu visiteras. Les républicains que nous sommes n'avaient aucune idée de l'importance de la date, mais les bourgeois de Louisbourg si: nous avons visité leur petite ville, dédiée donc à Louis XIV, en une belle journée d'août 1744, au temps béni de la Nouvelle-France. Procession religieuse, exercices militaires, collation au champagne: le site historique de la forteresse de Louisbourg, tout au nord-est de la Nouvelle-Ecosse, ne lésine pas sur les moyens pour plonger les visiteurs dans le passé. Pourtant, la place forte dont nous avons arpenté les ruelles et qui fut dans la première moitié du XVIIIe siècle l'un des centres stratégiques français en Amérique du Nord, n'est qu'une reconstitution d'après des plans d'époque. Après avoir conquis définitivement Louisbourg en 1758, les Anglais avaient en effet démantelé la forteresse et sa formidable batterie de canons. La prise de Louisbourg, clé du Saint-Laurent, avait signé le début de la fin pour la souveraineté française dans la région; un an plus tard, Montcalm était défait à Québec.
Deux siècles après, le gouvernement canadien a repris les plans d'origine de Louisbourg pour recréer un site historique. Sous les pierres brutes et les planches de bois délavées pas les intempéries se cachent en effet fer à béton et installations électriques. Mais on s'y croit, grâce d'abord au jeu des acteurs en costume, incollables sur la vie dans les colonies au temps de Louis XV, mais aussi à la sobriété de la reconstitution. Pas une enseigne criarde en vue, la musique d'ambiance est jouée au fifre et au tambour militaire, et il ne manque plus qu'une frégate venue de Brest mouillant en rade pour que l'illusion soit complète.

24 août 2011

Ferry-quiqui


Curiosité sur la route du Cap-Breton ce mercredi. Nous avons emprunté ce qui est sans doute l'une des lignes de ferry-boats les plus courtes du monde: 200 mètres à tout casser entre Englishtown (anciennement Fort-Dauphin, village de pêcheurs fondé par les Français en 1597, mais oui), et la rive opposée. Mais pourquoi n'y a-t-il pas de pont? Sur la photo, le ferry, qui peut transporter 15 voitures à la fois, est de l'autre côté!

Cabotinage



Nous ne sommes pas du genre à nous vanter, mais nous avons vu de fort jolies choses ce mercredi dans l'île du Cap-Breton. Le "Cabot Trail", du nom de l'exporateur John Cabot (en fait, un Italien, Giovanni Caboto!), est en effet considéré comme l'une des plus belles routes du monde, qu'il faut avoir parcouru si l'on veut prétendre au badge de "rôde tripeur". La route, entre panoramas à couper le souffle et incursions dans de petits villages de pêcheurs aux maisons en bois de couleurs vives, est en effet superbe, mais très longue: partis de Sydney à 9H00 du matin, nous y sommes revenus à 22H00, 400 km supplémentaires dans les moyeux. Heureusement, nous n'avons pas fait que rouler: trois balades dans le "Cape Breton Highlands National Park", au bord de lacs ou de torrents, nous ont oxygéné les globules, et le village acadien de Chéticamp, à la sortie du parc sur la côte occidentale de l'île, nous a offert un dîner au homard, la grande spécialité du Nord-Est. La journée s'est achevée sur un somptueux coucher de soleil sur le golfe du Saint-Laurent. Le Canada nous gâte, comme pour se faire regretter.

23 août 2011

Route 104 pour Sydney


SYDNEY, Nouvelle-Ecosse - Gros après-midi de route ce mardi pour relier Moncton au Nouveau-Brunswick à Sydney en Nouvelle-Ecosse, plus précisément dans l'île du Cap-Breton où influences acadienne et écossaise se mêlent dans un charabia toponymique gaélico-poitevin; on passe au large de "l'Isle Madame" et de "River Bourgeois", mais aussi de "Loch Lomond" (oui, le whisky du capitaine Haddock!) et "Ben Eoin". Nous avons retrouvé la route transcanadienne, qui porte ici le numéro 104, et même commencé à voir des véhicules arborant des plaques d'immatriculation "Labrador Newfoundland" (Terre-Neuve). C'est en effet de Sydney que partent les ferries pour la légendaire île des pêcheurs. Pas de grande traversée pour nous cette fois-ci. Nous allons explorer demain la terre ferme alentour, vers le parc national voisin. Ce soir, nouveau beau cadeau du Canada prodigue avec un coucher de soleil sur le lac du Bras d'Or (photo), étendue d'eau saumâtre au centre de l'île, au sud de Sydney.

Vase et pots de fleurs



Les Hopewell Rocks, c'est le symbole de la baie de Fundy, cette large entaille entre Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Ecosse, à une trentaine de kilomètres au sud de Moncton. La région se vante d'être le théâtre des plus fortes marées du monde: jusqu'à 17 mètres entre la haute et la basse mer. A Hopewell Rocks, on peut admirer l'étonnant effet de la force de la mer sur la géologie locale, notamment du grès rouge: d'énormes rocs coiffés de conifères, et tenant en équilibre précaire sur leur base rongée. Cela ne nous a pas empêchés de nous balader à leur pied, comme d'ailleurs des milliers d'autres touristes tous les jours, qui photographient ces "pots de fleurs" en pateaugeant dans la fine vase de la baie. Comme vous pouvez le voir, le temps est revenu au beau fixe!

22 août 2011

Maringouins


On nous avait prévenus: en été, le Canada est le royaume du moustique, autrement dit le "maringouin". C'est donc armés de citronelle, de Néocide, d'Apaisyl et même de lotion spéciale "invasion du Vietnam" rapportée de notre escapade floridienne de février que nous avons débarqué au pays du sirop d'érable et des suceurs de sang. Peine perdue: une grande partie de la famille se gratte furieusement. Depuis notre entrée au Nouveau-Brunswick, les insectes ont pris une nouvelle vigueur, rendant nécessaire une chasse sanglante au "bzz" jusque dans la voiture.

Crachin à Kouchibouguac et Bouctouche


MONCTON, Nouveau-Brunswick - Répétez le titre dix fois sans fourcher... Il y a des journées où le sort s'acharne sur les vacanciers. La 22e de notre périple fut la pire en terme de conditions atmosphériques, une méchante dépression nous infligeant par deux fois une douche quasiment néo-écossaise. D'abord au drôlement nommé parc national de Kouchibouguac, repaire d'élans et de cerfs en bord de mer, puis sur la dune de Bouctouche, dans le sud de l'Acadie, sur laquelle serpente une passerelle en bois (photo). Deux endroits propices à l'humidification massive. Au bout du rideau de pluie, nous sommes arrivés ce lundi soir à Moncton, étape de transition entre l'Acadie et la Nouvelle-Ecosse que nous abordons demain.

21 août 2011

Nos ancêtres les Acadiens



Le "Village historique acadien", reconstitution d'un hameau de l'Acadie évoluant entre XVIIIe et XXe siècle, on l'aborde avec une pointe de méfiance: ne va-t-on pas atterrir dans un Disneyland de la ruralité coloniale et francophone? Mais non, ce musée vivant séduit. D'abord parce que les maisons sont authentiques, mêmes si rassemblées dans cet endroit au sud de Caraquet pour la commodité de la visite. Ensuite, parce qu'elles sont occupées par des Acadiens en costume d'époque qui évoquent pour nous la vie dans ces fermes fonctionnant en autosuffisance malgré des familles dépassant parfois les dix membres. Les fermières cardent la laine, tissent le lin, un forgeron, maniant le marteau, le soufflet et l'enclume, donne forme à un clou en quelques secondes. On progresse dans le temps: une maîtresse d'école raconte comment ses homologues du XIXe siècle rusaient avec les autorités académiques britanniques pour perpétuer la langue française malgré l'interdiction de l'enseigner, un étameur donne vie à un sifflet en quelques pliures savantes de métal, un mécanicien du début du XXe siècle fait admirer une Ford T. On quitte l'endroit avec un sentiment d'admiration vis-à-vis de ces ancêtres et cousins qui se sont accrochés à cette terre, qui, faut-il le rappeler, subit des hivers à -30°C.

En Acadie


CARAQUET, Nouveau Brunswick - L'Acadie et les Acadiens au menu dominical. Cette région au sud-est du Québec est peuplée de descendants de paysans du Poitou ayant émigré là aux premières heures de la présence française en Amérique du Nord, au début du XVIIe siècle. Depuis cette époque, les Acadiens en ont vu des vertes et des pas mûres, tombant sous le joug du détesté roi d'Angleterre dès le début du XVIIIe siècle, avant même la chute de Québec en 1760. Catholiques, déjà jaloux de leurs coutumes et de leur relative autonomie vis-à-vis du pouvoir royal français quand ils en étaient les sujets, les quelques milliers d'Acadiens ne se sont pas laissés faire et en ont payé le prix, expulsés de leur territoire par les troupes de Londres au milieu du XVIIIe avant de revenir par la fenêtre et de se réinstaller au fil des ans dans la péninsule du nord-est du Nouveau-Brunswick, séparée de la Gaspésie par la Baie des Chaleurs. Très fiers de leurs origines, de leur langue et de leur culture, les Acadiens pavoisent leurs maisons et leurs voitures de drapeaux bleu-blanc-rouge, ornés d'une étoile couleur or, symbole de Marie et de la papauté. Cet emblème a été adopté sur le tard, en 1884. Nous en avons vu des centaines en quelques dizaines de kilomètres sur la route de Caraquet, le centre de gravité de l'Acadie moderne.

Un après-midi dans le Dévonien


Sur la photo, cela n'a l'air de rien, mais vous êtes face à un site classé au patrimoine mondial par l'Unesco. Balade transpirante samedi après-midi au bord de la bien-nommée Baie des Chaleurs, pour explorer le parc national de Miguasha, un trésor pour les scientifiques amateurs de fossiles; la falaise abrite en effet des myriades d'animaux et plantes emprisonnés dans la pierre il y a 370 millions d'années, alors que cette région, par la grâce de la dérive des continents, se trouvait dans une zone tropicale. Puisqu'on vous dit qu'on ne bronze pas idiots.

Encore un piège à touristes


PERCE, Québec - Heureux les habitants de Percé en Gaspésie, à qui la nature a offert un beau rocher doté d'une arche majestueuse, juste en face de l'office de tourisme, de 40 motels et d'autant de rabatteurs pour des croisières! Nous sommes passés en coup de vent samedi matin dans ce village-rue, le temps de prendre quelques photos du caillou enrobé d'une brume matinale.

19 août 2011

Toponymie


Parmi les moments les plus délicieux de nos 19 jours au Québec, la découverte de villages aux noms évocateurs. Entre Québec et Gaspé, nous avons successivement traversé Rivière-du-Loup, Trois-Pistoles, Cap-Chat, Ruisseau-Castor, Cap-au-Renard, Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine (photo), Le Tas-de-Bran-de-Scie, Pointe-à-la-Frégate, l'Anse-aux-Canons, Cloridorme et Ruisseau-à-l'Ail. Et au parc national de Bic, nous nous étions promenés non loin de l'anse Mouille-Cul!

Merci, Québec


GASPE, Québec - Nous quittons demain le Québec pour la province voisine et maritime du Nouveau-Brunswick, et allons certainement regretter la plus francophone des régions nord-américaines. Notre journée de vendredi s'est achevée en beauté, par un passage dans le secteur nord du parc Forillon, aux falaises vertigineuses et aux grèves de galets ponctuées de bois flotté.

En cascade


Nous vous entendons d'ici: "ah non, encore une chute!" Nous avons bien mérité celle-ci, au bout d'un sentier, escarpé et impitoyable pour nos mollets, en plein dans le parc Forillon. Et notez la photogénie de l'endroit: ne s'attend-on pas à voir surgir de l'onde quelque naïade, un flacon d'OBAO "fraîcheur des îles" à la main?

Monts et baleines


La région de Gaspé, tout au bout de la pénisule de Gaspésie, et surtout le parc national Forillon attenant, valent à eux seuls le voyage. Nous sommes encore tout émerveillés des paysages que nous a réservés ce sanctuaire naturel, peuplé d'ours et de cervidés, mais aussi longé par les migrations de baleines. Nous avons aperçu de loin une nageoire dorsale, mais ni orignal ni ursidé. En revanche, un porc-épic de bonne taille est venu nous saluer à quelques mètres, alors que nous effectuions la randonnée de huit kilomètres aller-retour jusqu'au cap Gaspé, où les Appalaches, épine dorsale de la côte Est américaine, viennent sombrer dans le golfe du Saint-Laurent. Les gens du cru assurent que l'été est pourri, mais nous avons transpiré par 29°C et pris de belles couleurs.

La francophonie est surtout un art de vivre

Les grands travaux


Les Québécois subissent un hiver long et rude, et bénéficient donc d'un été assez court. Comme il est ardu de goudronner par -25°C, la remise en état de la voirie s'effectue maintenant, en pleine saison touristique. Et qui en profite? Nous, les touristes. Nous avons renoncé à compter les feux provisoires, les agitateurs de drapeaux, les nids-de-poule dans le gravier humide et les heures perdues à rouler en file amérindienne derrière un bulldozer.

Jeudi et vendredi, c'est Gaspésie


GASPE, Québec - Qu'est-ce qui est à 20 heures de route du Maryland et recèle des paysages ébouriffants, des animaux en pleine ébullition et une flore pullulante? Non, non, pas le Nebraska: la Gaspésie bien sûr. Jeudi, nous avons continué à aller d'émerveillement en ébaubissement, d'abord en retournant dans le parc national de la Gaspésie et en particulier de la région du lac Cascapédia. Belle récompense au bout d'une piste abrupte et bien poussiéreuse, avec un nouveau lac glaciaire de toute beauté. Nous en avons aussi profité pour explorer les sous-bois voisins. Le sentier est boueux, mais bien tracé.

17 août 2011

C'est loin mais c'est très beau


SAINTE-ANNE-DES-MONTS, Québec - Temps radieux et air pur au Parc national de la Gaspésie ce mercredi. Nous en avons profité pour passer la journée à arpenter quelques-uns des spectaculaires sentiers pédestres de ce repaire de caribous et d'orignaux. Malheureusement, aucun cervidé en vue, mais des courbatures dans les mollets: 10 km de petits chemins pentus bien que classés "facile" par le Service des parcs du Québec ont mis nos muscles de citadins à rude épreuve. Apparemment, les Canadiens sont plus résistants que leurs voisins américains qui, au moindre dénivelé, plantent dix panneaux au début des sentiers pour prévenir que le trajet se fait aux risques et périls de votre pacemaker. Pique-nique au bord du Lac-aux-Américains, une pièce d'eau d'origine glaciaire (photo) où nagent tranquillement de petites truites, avant de gravir les derniers 180 des 820 mètres du mont Ernest-Laforce au milieu de baies sauvages et de ruisseaux enchanteurs.

16 août 2011

Québéquismes


« J’te dis qu’est bonne ! » affirme une publicité pour une chaîne de restauration rapide, illustrée d’une photo de poutine (plat local dont nous vous avons déjà parlé). Pour nous Français, visiter le Québec, écouter parler les Québécois et lire leurs enseignes est parfois source de perplexité, souvent d’amusement et de temps en temps d’émerveillement. Saviez-vous par exemple que les touristes ici font escale la nuit non dans des B&B (Bed and Breakfast) mais dans des C&C (Couette et café !). Les McDonald’s servent des « McCôte » et vous pouvez les commander depuis votre voiture non depuis le « drive-in » comme en France mais via le « service-au-volant », tout simplement. Dans le même ordre d'idée, le KFC s'appelle PFK (photo). Dans les restaurants, on nous propose des « breuvages » et à la fin, il faut demander la « facture », pas l’addition. Le serveur entre-temps se sera enquis : « c’est à votre goût ? ». Et si vous lui posez une question à laquelle il n’a pas la réponse, il dira peut-être : « j’ai bien de la misère à vous répondre ». Sur la route, les hexagones rouges aux croisements sont ornés du mot « arrêt » et il est interdit de stationner sur les « hachures », c'est-à-dire les zébras que votre moniteur d’auto-école vous a inculqués. Vous pouvez aller vous détendre le samedi soir non au bowling, mais au salon de quilles. On vous servira du Pepsi Diète et des craquelins pour l’apéritif. Sans bien sûr mentionner l’accent de certains autochtones, qui nous valent des interrogations récurrentes des enfants (et non des gosses, malheureux, les « gosses » ici ça va toujours par deux): « Maman, qu’est-ce qu’il a dit, le monsieur ? » C’était après qu’un gentil serveur eut demandé à l’un d’eux : « ça va, mon chum ? »

On vous fait une fleur


Les jardins de Métis dans toute leur splendeur d'août.

Saute-brouillard


SAINTE-ANNE-DES-MONTS, Québec - Kilomètre après kilomètre, banc de brouillard après banc de brouillard, nous nous frayons un chemin à travers la Gaspésie, région peu peuplée et sauvage. Nous faisons escale ce soir aux portes du parc national du coin, que nous espérons visiter demain. Polaires et caleçons longs seront de rigueur vu que l'endroit culmine à plus de 1.300 mètres et qu'au niveau du Saint-Laurent, on dépasse à peine les 16°C diurnes en plein milieu du mois d'août! Nous qui fuyions l'étouffant été de Washington, nous sommes servis. Malgré la brume bien collante qui nous a accompagnés quasiment toute la journée, nous avons réussi à l'organiser autour de deux sites: le parc national du Bic, un petit joyau de collines, de forêts et de sentiers côtiers au bord du fleuve (photo), et l'autre attraction locale, les jardins de Métis, une folie créée par des amoureux des fleurs au début du XXe siècle et entretenue depuis par des régiments de Tistou-les-pouces-verts.

15 août 2011

Aux portes de la Gaspésie


RIMOUSKI, Québec – Ca y est, nous sommes sortis de notre zone sauvage et avons quitté le Charlevoix pour la rive Sud du Saint-Laurent. Ici Rimouski, petite bourgade aux portes de la Gaspésie, région paraît-il sublime que nous allons explorer cette semaine. Désolé aux habitués de ce blog mais nous n'avons pas pu du tout le mettre à jour en temps réel. Mais nous avons continué à prendre des notes et elles sont ci-dessous, dans un ordre chronologique inversé.

Avertissement sans frais


Qui veut jouer avec nous au concours du panneau le plus bizarroïde ? Parce que nous avons découvert au détour d’une balade au centre de l’Isle-aux-Coudres un spécimen qui devrait nous assurer quelques longueurs d’avance.

Les moulins d’avant


Voyager en s’instruisant, telle est notre devise. A ce titre, l’escale des moulins de l’Isle-aux-Coudres restera comme un grand moment : cet « économusée » permet en effet de voir fonctionner en conditions réelles un véritable moulin à eau du début du XIXe siècle, démonstration d’un meunier comprise. Roue, engrenages, godets, meules, blé, sarrasin, son et farine n’ont plus de secrets pour nous. Insolite, l’édifice se double d’un moulin à vent, en cours de restauration, chacun pouvant suppléer à l’autre en cas de pénurie d’eau ou de vent.

Chemins de traversier



Après Tanger-Algesiras et Venise-Igoumenitsa, notre famille de voyageurs est heureuse d’avoir testé pour vous le ferry-boat québécois entre la rive nord du Saint-Laurent et la mignonne Isle-aux-Coudres, un bout de terre pas plus grand qu’Ouessant et découvert un beau jour de septembre 1535 par Jacques Cartier lui-même. Au Canada, pays de grandes voies d’eau et de lacs, les ferries, pardon, « traversiers », n’ont pas de prétentions de croisière : ce sont les prolongements naturels de la route. Celui que nous avons pris propose une rotation de seulement 30 minutes en été, et il est même gratuit. L’office de tourisme insulaire doit dire merci aux pouvoirs publics, car évidemment l’endroit a du succès. Mais comme partout ailleurs au Canada jusqu’ici, nous n’avons pas eu l’impression de marcher sur les orteils des autres visiteurs.

C’est peut-être un détail pour vous


Mais pour nous ça veut dire beaucoup : à force de croiser des « school buses » jaunes aux Etats-Unis, nous sommes toujours émus d’apercevoir leur version francophone.

La boîte à ours 2 : la revanche du filet


Dans les parcs nationaux américains de la Sierra Nevada ou des Rocheuses, les sites de camping sont parsemés d’armoires fortes (voyez notre message de l’automne 2006, « la boîte à ours »). Au Québec, les autorités semblent privilégier une version plus « light », euh, pardon, « diète » : les filets suspendus à des tringles, à plus de quatre mètres de hauteur, afin d’infliger un supplice de Tantale aux gourmands animaux.

Ne prenez pas trop votre élan


(Au risque d’en percuter un)

C’est le nôtre (it’s ours) !


Samedi 13 août, nous roulions tranquillement vers notre parc national lorsque se produisit notre première rencontre avec non seulement un ours du Canada, mais un ours nord-américain tout court. En six ans et deux mois de résidence sur le continent, cette carence commençait à faire tache sur notre CV ! Ce jeune spécimen d’ours brun est resté pendant deux minutes à quelques mètres de notre voiture – tous les occupants en avaient les yeux comme des soucoupes – avant de reprendre le chemin du bois et de ses myrtilles sauvages. L’animal s’est produit en exclusivité pour nous : il avait déjà disparu à l’approche des touristes suivants. Nous sommes bien contents d’avoir croisé notre premier plantigrade depuis la sécurité de notre carrosserie galvanisée et non au détour d’un sentier, face à une mère et deux oursons.

« C’est assez ! » dit la baleine


Excursion touristique le 12 août à bord d’un petit bateau au capitaine bourru mais doté d’un sens de l’humour maritime. Le but : aller voir les baleines, dauphins, bélugas et autres cétacés qui viennent se gorger de krill et de crustacés dans l’embouchure du fleuve Saint Laurent. Aucune garantie de voir ces mammifères, prévint l’organisateur de l’excursion, qui offrait même un ticket gratuit si jamais les bêtes n’étaient pas au rendez-vous. Mais elles le furent ! Après une heure de déambulations en zigzag entre les bancs de brouillard, aucune terre émergée à l’horizon, nous avons assisté à un festival de rorquals et de marsouins, et même aperçu des phoques curieux. En revanche, de bélugas point. Malheureusement, vous devrez vous contenter de notre parole, car les nageoires dorsales sont difficiles à prendre en photo au vol depuis le pont tanguant d’une barcasse. Belles vues aussi sur la côte Nord du Saint-Laurent, presque aussi vierge qu'à l'époque où Cartier l'aborda.

Poutine


Cela fait des années que l’on nous parle de la poutine, l’un des plats québécois mythiques. Rien à voir avec le jovial Premier ministre russe. Une partie de la famille s’est dévouée le 12 août pour la tester, dans une baraque à casse-croûte du bord de la route 138. Pour résumer : ce sont des frites parsemées de gros carrés de fromage un peu compact et « plastiqueux » (aux anciens Chypriotes : pensez au Halloumi, mais pas salé), le tout recouvert d’une sauce brune ou barbecue. Encore une fois, c’est sans doute un plat qui trouve son utilité lorsqu’il s’agit de travailler à l’extérieur en plein hiver canadien. Comme spécialité gastronomique, en revanche, ce n’est pas inoubliable.

Le syndrome du Raymondis


Raoul Raymondis, coureur du Paris-Dakar dans les années 80, saint patron des quatre-quatreux et autres buveurs de pastis, a laissé des traces dans l’inconscient du mâle français motorisé du début du XXIe siècle. Exemple : face à une grosse flaque d’eau barrant sur toute sa largeur la piste de terre d’un parc canadien, quelle attitude adopter ? 1°) Descendre de la voiture et aller sonder ? 2°) Avancer sur la pointe des pneus avec la prudence de l’Iroquois? 3°) Appuyer comme un bûcheron sur la pédale de droite et espérer que la gerbe d’eau sera aussi belle que dans le numéro spécial « traversée du Zaïre » d’Auto Verte en 1984 ? Si vous avez répondu 3, vous avez gagné. Et le conducteur de la Toyota Matrix familiale (équivalent français : Peugeot 307) a perdu de sa superbe et définitivement compris qu’il ne conduisait plus un 4x4 Land Cruiser. Car belle la gerbe d’eau fut, mais le bruit de la toto à la sortie un peu moins. Un « klong, klong » sonore sous le châssis faisait penser à un pot d’échappement qui aurait décidé de se faire la malle… Le véhicule continuait à fonctionner, ouf. Calmé par l’épisode, qui s’est de plus produit à 20 km de piste de taïga du plus proche « ranger », pardon, « garde-parc », le frimeur du Québec déconfit reprit la route de la vallée et du plus proche garagiste équipé d’un pont idoine. C’était la tôle de protection de réservoir d’essence. Cette leçon valait bien 15 dollars de réparation, sans doute. Vous noterez qu'ils s'y sont mis à trois.

Les Yosemite des Laurentides (2)


Deuxième parc national de la région à avoir droit à notre visite, le parc des Grands Jardins. Contrairement à celui des Hautes-Gorges, il ne compte pas de barrage et c’est un torrent tumultueux qui se faufile au fond de sa vallée. Mais ce qui nous intéressait le jeudi 11, c’était de visiter son deuxième étage : le paysage de taïga et de lacs glaciaires situé en altitude. Nous n’avons pas été déçus. Aussi bien organisée que les parcs américains, mais avec facilement 50 fois moins de visiteurs au mètre carré, la zone offre de petits sentiers bordés de lichens et de bouleaux, mais aussi de myrtilles sauvages et de champignons, typiques de la taïga en été. Et à 20 mètres de la table de pique-nique où nous dégustions nos chips et œufs durs, nous avons même vu une grosse bête à poil brouter l’herbe. Apparemment un castor qui en avait assez de construire des barrages.

Atelier brouillard


Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle et que toute excursion de longue durée en extérieur risque de se finir en quadruple pneumonie, il faut consulter les brochures du syndicat d’initiative. Un petit détour donc mercredi 10 au chantier naval du Charlevoix, un endroit où ont été construits des dizaines de caboteurs fluviaux à l’époque où le bois exploité dans la région se transportait dans des petites coquilles de noix. Emouvant aussi, un ancien remorqueur du Saint Laurent, le « Félicia », en service de 1929 à… 1996 !

Les Yosemite des Laurentides (1)


Non loin de notre repaire de vacances se trouvaient deux parcs nationaux québécois : les Hautes-Gorges de la Rivière Malbaie et le parc des Grands Jardins. Deux sanctuaires très semblables à la base, car organisés autour d’une vallée glaciaire classique, en forme de « U » et surmontée de dômes rocheux et de forêts denses de résineux, comme le Yosemite que nous affectionnions lors de notre séjour californien. Dans le cas des Hautes-Gorges, l’endroit a été façonné par l’homme et un barrage de « draveurs », c'est-à-dire ceux qui faisaient descendre le bois exploité le long de la rivière. Un lac de retenue de 10 km de long s’est formé le long de cette vallée suivant un trajet en « L » , pour le plaisir des touristes qui y pratiquent le canot, le kayak ou sur ses berges, le vélo - nos mollets s’en souviennent ! L’endroit est dominé à l’est par un promontoire rocheux nommé l’Acropole, et accessible par un sentier qui malheureusement est si abrupt qu’il faut entre quatre et six heures pour effectuer l’excursion. Vu notre configuration familiale, un rêve difficile d’accès pour l’instant. Comme la traversée à pied du Grand Canyon, la route de l’Alaska ou celle de la Basse-Californie, nous rangeons cet objectif dans nos archives en espérant le ressortir un jour !

Lacs, montagnes, fleuve et météorite


Le Charlevoix, donc. Entre la chaîne de montagnes des Laurentides et l’immense Saint Laurent, déjà salé et soumis à l’influence des marées, ce territoire érodé par les glaciers mais aussi façonné par une chute de météorite géante se donne parfois des airs de Suisse, avec ses petits lacs nichés au fond de vallées verdoyantes, ses vaches et moutons qui paissent entre des granges de bois délavé et de coquettes maisons de campagne de la bourgeoisie québécoise. C’est aussi une région de gastronomie (ah, le confit de canard retrouvé) et d’écotourisme, peu peuplée si l’on s’éloigne du seul grand axe de la route longeant le fleuve. Un petit paradis pour les visiteurs… quand il fait beau. Ne nous plaignons pas, en gros, nous sommes passés entre les gouttes ! (photo: la vue depuis notre repaire)

En route vers la sauvagerie


Nous avons quitté Québec le vendredi 5 août au matin, après quatre journées de tourisme intensif dans cette ville qui nous a vraiment beaucoup plu, avec son ambiance détendue et sa taille tout à fait « marchable ». La dernière soirée s’est passée au son et lumière sur le port de plaisance : toute l’histoire de la Belle Province, des Indiens au chemin de fer et du règne français à l’indépendance canadienne de la Grande-Bretagne (1867, le saviez-vous ?), a défilé sur les silos à grain alignés au bord du Saint Laurent, et transformés en écran géant pour l’occasion. En route vers le Charlevoix, notre région d’adoption pour les dix jours à venir, via la route 138 qui, si nous la suivions jusqu'au bout, nous mènerait jusqu’aux terres sauvages du Labrador, via la fameuse et désolée piste « translabradorienne ». Une prochaine fois, peut-être…

Quelle belle chute


Visite jeudi 4 août à la chute Montmorency, qui avec ses 84 mètres de haut, domine ses consoeurs du Niagara de 30 mètres. Nous en sommes ressortis ébouriffés et humides. Ce bel endroit est en perpétuelle évolution : à la fin de la dernière période glaciaire, la chute tombait directement dans le Saint Laurent. En douze millénaires, elle a reculé de 450 mètres. Et en hiver, les alentours gèlent allègrement, valant aux alentours le surnom de « pain de sucre » comme à Rio.

Vauban des nations


Ah les perfides Anglois. Non contents d'avoir botté les fesses de Montcalm et d'avoir conquis le Canada français en un tournemain en 1760, ils sont allés jusqu'à copier les plans de notre Vauban national pour ériger les défenses de la citadelle de « Québec City »! Visite guidée ce mercredi entre redoutes, barbacanes et échauguettes de la forteresse qui surplombe la ville. Toujours occupée par le 22e régiment canadien, le seul 100% francophone, la zone ne se visite qu'avec un guide, et vaut le déplacement. Très belles vues sur la ville, objets militaires en pagaille (des croix de Victoria, un tank Sherman, et même la casquette à visière du maréchal Foch!) et cours d'histoire accéléré de la région. Nous avons eu la chance d'assister à la relève de la garde en grand uniforme, en tout point comparable à celle de Buckingham Palace, même si leurs rangs étaient moins fournis.

Monsieur de Frontenac


Quand on pense à Québec, on pense au Château Frontenac, qui domine la vieille ville de ses tourelles que l'on dirait empruntées à Neuschwanstein. Et pourtant, l'édifice n'est pas une lubie de roi et a toujours été un hôtel de grand luxe, depuis sa construction à la fin du XIXe siècle. Nous n'avons pas eu la chance d'y séjourner, mais si vous passez dans le coin, sachez qu'une galerie marchande à son sous-sol permet déjà se de faire une petite idée des entrailles de cet imposant bestiau.

Du nouveau avec du Vieux-Québec


Etrange impression qui se dégage de notre première incursion dans Québec, le 1er août au soir, après quasiment 1 300 km de route plein nord depuis Washington: une ville ceinte de remparts, des maisons de pierre de taille datant pour certaines du XVIIIe siècle, des ruelles piétonnes et pavées, des terrasses de cafés... Ne serait-ce le côté très poli et léché (pas une lézarde, peintures impeccables, pierres alignées), on se croirait dans le centre d'une ville française. Rien à voir en tout cas avec ce que nous avons pu parcourir depuis six ans aux Etats-Unis. Et pour cause. Les Français s'étaient déjà installés depuis 12 ans à Québec, en contrebas du Cap-Diamant dominant le Saint-Laurent lorsque les pères pèlerins du Mayflower débarquèrent dans la région de Boston, plus au sud, pour commencer à fonder ce qui deviendrait 160 ans plus tard les balbutiants Etats-Unis d'Amérique.